La voix de Malia Jean dans les ateliers du dialogue national

Pour l'élaboration de la prochaine demande de financement au Fonds mondial (FM) pour le vih, la malaria et la tuberculose

 

 

La fin de la journée du mardi 28 mars 2023, au Kinam hôtel, Pétion-Ville, a été forte en revendications. Malia Jean, présidente de l’Association des Femmes haïtiennes infectées et affectées par le vih (AFHIAVIH), a haussé le ton aux ateliers de dialogue national pour l’élaboration de la prochaine demande de financement au Fonds mondial (FM) pour les trois maladies (vih/malaria et tuberculose), sans oublier le renforcement du système de santé pour la période allant de 2024 à 2026.

Présente à ce rassemblement multisectoriel, depuis son ouverture, le lundi 27 mars, la vieille routière dans la lutte contre le vih/sida, se dit confuse. Ajouter à ses frustrations, elle n’arrive pas à comprendre pourquoi le montant de S119 381 896, alloué à Haïti pour la période 2020 – 2022, est passé à 110 796 378 dollars pour la période 2024 – 2026.

 

Que s’est-il donc passé pour qu’il y ait une telle diminution drastique ?

 

Défendant le secteur des PVVIH du bec et des ongles, elle demande, la voix teintée d’émotion, si les problèmes auxquels son secteur est confronté ont diminué ?

 

Le numéro un de l’AFHIAVIV déclare haut et fort : « Nous les PVVIVH, nous avons des problèmes énormes. Nous avons toute une liste de PVVIH vivant dans une situation difficile à l’heure actuelle. Notre association ne dispose pas de moyens pour les prendre en charge. On était à 119 millions. À présent on est tombé à 110 millions. Que se passe-t-il ? N’avons-nous pas de capacité pour absorber cet argent ? »

 

En cette deuxième journée où la séance de dialogue tire à sa fin, Malia évoque la galère des personnes infectées et affectées par le virus. Ces personnes vulnérables, signale-t-elle, sont obligées de fuir leur maison. Parfois, ne sachant où aller, elles se tournent vers son association qui n’arrive pas à répondre à leurs besoins. Elle souligne aussi que nombre d’associations de PVVIH considèrent l’AFIAVIH comme l’une des grandes institutions capables de défendre leurs droits. La présidente, dans son costume de militante, à l’occasion, s’estime désarmée devant ces chiffres projetés sur grand écran. Par ailleurs, elle avoue qu’elle n’accepte pas la manière dont on les traite. « Chodyè a monte sou non PVVIH ; chodyè a desann sou non granmoun. »

Malia Jean, présidente de l’AFHIAVIH

La voix de Malia s’enfle : « Il faut être conscient. Si vous ne pouvez pas gérer cet argent, les associations de PVVIH peuvent le faire. » Des applaudissements crépitent dans la salle.

 

Les yeux de Malia lorgnent vers les chiffres consacrés au vih : $ 67 995. 904.

Elle ne veut pas entendre que ses chiffres seront dégraissés. Sans nul doute. Il faudra enlever des pourcentages pour le renforcement du système de soins. Ces ateliers de dialogue réunissent tout ce beau monde pour faire parler les chiffres, répartir les montants selon les besoins. Le secteur vih est lié au laboratoire, au système d’information, de surveillance, au renforcement des ressources humaines, pour ne citer que ceux-là.

L’assistance

Pour tempérer la présidente de l’AFHIAVIH, les consultants dans le cadre de cette proposition de demande d’Haïti au Fonds mondial, Dr Harry Geffrard et Dr Maryse Narcisse, ont repris les chiffres pour lui faire entendre que tout n’est pas encore joué.

Et comment ?

Le Fonds mondial a offert une fenêtre d’opportunité à Haïti. De plus, on pourra faire une demande spéciale en vue d’avoir un fonds plus confortable pour faire face aux besoins sanitaires dans le cadre des trois pathologies qui captent l’attention à ces ateliers de dialogue de trois jours.

 

Claude Bernard Sérant

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