Il n’y a pas si longtemps, le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) avait mis de grands moyens pour demander instamment à la population de se faire vacciner. Des émissions de radio et de télévision avaient tourné en boucle à travers nos médias. Des slogans, les unes plus percutantes que les autres, étaient portés par les voix des professionnels de la santé, des journalistes, des sportifs et des artistes. Dans nos rues, à la capitale comme dans nos villes de province, des agents de santé communautaires polyvalents s’étaient investis sur le terrain.
Malgré tous ces grands moyens, la population s’était arc-boutée derrière des clichés, des tabous, des peurs, des infox ou tous autres arguments pour ne pas se faire vacciner. Il était courant d’entendre dans des reportages : « Bondye bon. Il ne nous abandonnera pas », « La covid n’est qu’une sale grippe qui se combat avec les tisanes de nos grands-mères ».
Un professionnel de la santé qui arguait que le vaccin confère une immunité contre la maladie, se voyait aussitôt remis en cause et considérer même comme un mauvais sujet de la république.
Depuis que l’administration Biden a annoncé trente mille (30 000) permis humanitaires mensuels à quatre pays (Haïti, Cuba, Vénézuela, Nicaragua), ce nouveau programme enflamme les esprits. Tous ceux qui ont un statut légal sur le sol américain et qui peuvent faire bénéficier de ce programme à un parent ou à un ami, sont considérés comme des sésames humains qui donneront accès à l’eldorado.
Pas besoin de passer par des racketteurs, pas besoin de parcourir des kilomètres pour entrer illégalement aux USA. Cette clef, ce permis ouvre la porte des États-Unis pour une période de deux ans. Qui sera le parrain de Pierre ou de Jacques ?
En attendant, c’est l’affluence vers le vaccin anti-covid 19. Résultat : plus de stocks de vaccins dans les structures de santé. Une employée de la Direction sanitaire de l’Ouest nous a fait savoir que les stocks qui devraient s’achever à la fin du mois de février n’est plus.
On se bouscule aux portes. On veut avoir tous les atouts de son côté. Tous les candidats veulent se faire vacciner pour quitter Haïti. Les gens louent le service des motos pour accéder à l’hôpital ou le centre de santé qui administre le vaccin anti-covid 19. La carte des centres de santé est screenée. Derrière une moto, portable en main, on arpente les voies publiques. On passe en revue les institutions qui offrent le service de vaccination.
Quel que soit le type de vaccin anti-covid 19 dont les structures de santé disposent, les gens sont tout à fait prêts à l’accepter : Moderna bienvenue. Johnson and Johnson, pas de chichi. Pfizer, peu importe! L’essentiel, c’est d’avoir sa carte vaccinale. L’année dernière, c’était toute une complication. Je ne veux pas ci, je veux pas ça. C’était trop d’offres gratuitement à la carte qui tournait la tête.
À l’heure actuelle, tout ce qu’ils veulent, c’est d’entrer maintenant et tout de suite aux Etats-Unis. La terre d’Haïti, chaque jour, devient trop brûlante sous leurs pieds.
Ce matin, dans les rues de Port-au-Prince, j’ai vu un homme portant un maillot sur lequel est inscrit : « Ki yès k ap fil pou ou ? »
Claude Bernard Sérant
Source de l’article : www.lenouvelliste.com
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