À la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, le Premier ministre, Dr Ariel Henry, devant une salle comble, à l’hôtel Montana, a déclaré : « La lutte contre le sida célébrée aujourd’hui à travers le monde est pour nous l’occasion de réfléchir de façon plus appropriée sur cette problématique, à un moment où il nous faut renouveler notre engagement à lutter contre ce fléau. »
Pour un Premier ministre à la tête d’un pays en proie à une crise politique sans précédent, cette journée mondiale qui met en avant ce thème : « Égalité maintenant » enjoint tous les acteurs à agir, d’autant qu’Haïti a choisi son thème propre en fonction de sa réalité :« Ann kontinye travay pou tout moun gen menm dwa».
Dans une salle où les représentants des institutions nationales et internationales qui accompagnent l’État dans la lutte contre cette épidémie qui n’en finit pas sont présents en grand nombre, le Premier ministre a poursuivi : « La mobilisation contre le sida doit rester entière, tout en rappelant à toutes les filles et à tous les fils du pays l’impérieuse obligation de se protéger et de protéger l’autre, puisque cette maladie qui a bouleversé l’humanité jusque dans les années 2000 continue à faire des victimes ici et ailleurs, en causant la mort de milliers de personnes, en particulier dans les pays pauvres où l’accès aux médicaments efficaces devient de plus en plus difficile».
Parce que les choses sont difficiles ; parce que les inégalités sont une réalité à laquelle il faut tenir compte, Dr Ariel Henry souligne :« En dépit des progrès observés dans le soulagement de cette maladie qui a traversé plusieurs décennies, il reste encore beaucoup à faire. Les expérimentations scientifiques se multiplient et sont très prometteuses. Et l’espoir guette encore nos pas.»
Dr Ariel Henry a fait comprendre qu’« aujourd’hui, les indicateurs ne sont pas encore parvenus à un niveau souhaité, mais ce relatif succès constitue un encouragement certain dans la prise en charge des malades. Il nous faut décupler nos efforts pour qu’ensemble nous arrivions à vaincre. »
À un moment où les acteurs engagés dans la lutte contre le sida réclament de tous leurs voeux le renforcement des services de traitement, de dépistage et de prévention du VIH afin que tout le monde y ait accès correctement et l’égalité tout de suite dans les lois, les politiques et les pratiques pour lutter contre la stigmatisation et l’exclusion auxquelles font face les PVVH, le Dr Ariel Henry a reconnu que la tâche n’est pas facile. Aussi considère-t-il sans ambages la réalité de notre pays : « Les effets de la pauvreté sont donc dévastateurs, alimentant subséquemment la prostitution, la violence, la promiscuité, l’exclusion, l’auto stigmatisation, l’exploitation, etc. Cette pauvreté et ses corollaires que nous avons décrits ne sont pas une fatalité. Le changement sera le fruit de nos durs labeurs, de nos travaux, de notre profond respect de la personne humaine, de la vie.»
Quoi faire pour que les choses bougent dans l’autre sens ?
Dans son discours ce 1er décembre, il a émis son point de vue politique : « Nous devons cesser nos luttes fratricides, cesser d’être égoïste, pour être plutôt altruiste et travailler à l’édification d’une Haïti pacifique, solidaire, fraternelle, égalitaire. Ce n’est qu’à ce prix que nous nous affranchirons de tous nos maux, ceux qui comme le sida sont principalement liés à la pauvreté. Ayons foi en notre avenir commun et mettons-nous à l’œuvre. »
Le premier ministre a profité de cette tribune pour remercier « les partenaires techniques et financiers, les professionnels de la santé, les travailleurs de la presse, les organisations de la société civile, les associations de PVIH, les associations de défense des droits de la femme, bref, toutes celles et tous ceux qui s’activent d’une manière ou d’une autre à lutter contre la pandémie du sida».
Claude Bernard Sérant