Une centaine de jeunes issus d’organisations de la société civile de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince participent, depuis ce jeudi 24 novembre 2022, à trois journées de conférence éducative autour du thème : «Les femmes haïtiennes face à la crise actuelle». L’initiative est de la Fondation pour la santé reproductive et l’éducation familiale (FOSREF) dans le cadre du projet d’appui à la santé sexuelle et reproductive égalitaire (PASSREL). Déroulée au Centre Jeunes FOSREF, à Delmas 19, les 24, 25 et 26 novembre 2022, elle participe des activités commémoratives de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Dans sa mise en contexte, l’officière de projet à PASSREL, Madame Marie Alice Louis-Juste, a insisté sur l’importance de ces trois journées de conférence pour les participants. « En marquant cette commémoration par l’organisation de ces trois journées d’éducation, de sensibilisation et de formation, PASSREL a voulu mettre l’accent sur la violence contre les femmes comme étant une violation des droits fondamentaux de la personne». Aussi, souhaite-t-il faire « un travail de synergie pour créer un environnement différent de celui que nous sommes en train de vivre actuellement.» Elle en a profité pour encourager les bénéficiaires (Homme et femme) à jouer leur rôle dans les efforts de lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles.
« Avec la situation du pays, la commune de la Croix-des-Bouquets, particulièrement, il est un impératif qu’une synergie soit développée avec tous les acteurs de l’État, de la société civile, et des partenaires de la communauté internationale, à travers PASSREL, en vue d’apporter une réponse pluridimensionnelle à la violence faites aux femmes et aux filles. Un phénomène qui est malheureusement souvent banalisé, soutenu par des traditions et coutumes sexistes et discriminatoires.», a-t-elle conclu.
Au cours de la première journée de la conférence éducative, l’approche sociologique du thème : femmes haïtiennes face à la crise actuelle, a été abordée. Dans son intervention, madame Hélène Edouarzin, sociologue de formation et formatrice, a surtout mis l’accent sur le concept violence basée sur le genre (VBG), son évolution à travers le temps et son impact sur la société.
« La violence sexuelle est ancrée dans notre société. Elle trouve malheureusement son essence à l’intérieur des familles par des stéréotypes et des préjugés fondés sur le genre. En Haïti le phénomène est criant », déplore la sociologue.
Le dernier rapport d’Enquête sur la mortalité, la morbidité et l’utilisation des ressources, EMMUS VI, publié en 2018 estime que plus de 30% de femmes haïtiennes âgées de 15 à 30 ans, ont été victimes d’abus ou de violences sexuelles.
« Contrer ce phénomène dans la société nécessite la participation de plus d’un, vous les jeunes particulièrement », encourage madame Edouarzin.
Cette activité de sensibilisation autour de la violence basée sur le genre va se poursuivre le vendredi 25 novembre marquant la journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes. Pour la deuxième journée, l’aspect médical et psychologique de la violence sexuelle sera abordé. Deux intervenants constitueront le panel.
Il s’agit d’abord du Dr Jean Jumeau BATSCH, médecin spécialiste en obstétrique-gynécologie et président de la Société haïtienne obstétrique et gynécologie (SHOG). Son intervention sera basée sur l’importance de la prise en charge médicale pour les femmes et les filles victimes de violences et d’agressions sexuelles. Ensuite, M Jean Pétrel DESROSIERS, psychologue, fera ressortir l’importance de l’accompagnement psychosocial dans la prise en charge des victimes de violences basées sur le genre.
Ces trois journées de conférence prendront fin, le samedi 26 novembre 2022, avec des interventions sur les droits sexuels des femmes, les dispositions légales en cas d’agressions sexuelles envers les femmes mais aussi les informations nécessaires pour une poursuite judiciaire.
Esperancia Jean-Noël et Louiny Fontal
Discussion à propos de post