Mythes, tabous et désinformations autour de la vaccination anti-covid-19

Vaccination

Depuis son apparition en 2019, le Sars-Cov-2, ce virus ravageur, est à l’origine d’une crise sanitaire sans précédent. Aujourd’hui, dans le monde, on compte au total plus de 620 millions de personnes infectées et 6 millions de décès dont 857 en Haïti. Avec cette pandémie, personne n’est à l’abri. Enfants, jeunes, adultes, vieillards sont frappés dans leur chair. En Haïti pourtant, les mythes, les tabous et les désinformations autour de l’infection au Sars-Cov-2 et du vaccin anti-covid-19 constituent un véritable obstacle dans les efforts de riposte à ce fléau.

Pour protéger les individus des formes graves de la Covid-19 voire la mort, les autorités sanitaires ont édicté des mesures barrières et préventives parmi lesquelles figure la vaccination, l’armure la plus robuste.

En Haïti, les premières expériences vaccinales anti-covid-19 ont débuté en juillet 2021, soit plus d’un an après la confirmation des premiers cas en mars 2020. Selon les dernières données du ministère de la Santé publique et de la Population en date du 15 octobre 2022, plus de deux cent mille haïtiens sont complètement vaccinées. Un chiffre peu satisfaisant en matière couverture vaccinale anti-covid-19 dans le pays.

Pourquoi un tel état de fait ?

La directrice exécutive de l’Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA) – une institution également impliquée dans la lutte anti-covid-19 en Haïti, Sœurette Policar Montjoie, explique : ” La population haïtienne est très réticente à se faire vacciner. Les mythes, tabous et désinformations autour du vaccin anti-covid-19 sont les principales raisons de cette réticence “.

Regards croisés

La perception de la vaccination anti-Covid-19 diffère d’un secteur à l’autre. Dans le secteur religieux, la question de vaccination est enrobée de mythes. Certains chrétiens pensent qu’ils sont protégés par Dieu lui-même. Ainsi, n’ont-ils pas besoin de vaccins. D’autres considèrent le vaccin comme la marque de la bête. Ce signe que le livre de l’Apocalypse décrit comme le sceau de ceux qui suivront l’Antéchrist et son porte-parole : le faux prophète.

Nous sommes à Notre Dame d’Altagrâce, une église catholique située à Delmas 44 où presque tous les jours des centaines de pèlerins viennent proclamer leur foi. Mme Thérèse, Bible et chapelet en mains, vient s’adresser à la vierge. Questionnée sur la vaccination anti-covid-19, elle déclare fermement : ” Moi, je ne crois vraiment pas à cette pandémie. Étant chrétienne, j’ai foi en mon Dieu. Il me protègera. Je ne laisserai personne m’injecter une substance inconnue dans le sang “.

Pour sa part, pasteur Louiny Fontal, responsable d’une église logée à Petite Place Cazeau, admet la réticence du secteur religieux face à la vaccination. ” Dans les églises, nombreux sont les fidèles qui refusent de se faire vacciner “, a-t-il confié.  Aussi dénonce-t-il le  fait  que des individus malintentionnés divulguent de mauvaises informations sur la pandémie en s’appuyant sur des versets bibliques pour corroborer leurs thèses.

Il poursuit : “on doit profondément regretter de telles dérives. Ma foi, c’est par l’information pertinente fondée sur la véracité des faits que la campagne de communication sur les bienfaits de la vaccination atteindra les gens. En tant que berger, j’encourage vivement mes fidèles à prendre le vaccin parce que c’est la meilleure façon de lutter contre la pandémie de covid-19″ .

Même son de cloche de la part la directrice exécutive de l’ODELPA: ” Le vaccin anti-covid-19 n’empêche pas d’être contaminé, mais protège contre les formes graves de la maladie. Se faire vacciner c’est casser véritablement la chaîne de contamination “.

Espérancia Jean Noël

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