À date, Haïti reste l’un des pays où le taux de vaccination anti-covid-19 est le plus bas. Un micro-trottoir réalisé à Port-au-Prince, au cours du mois de septembre 2022, a permis de comprendre que les rumeurs constituent l’un des principaux obstacles à la vaccination. Conséquences immédiates : faible taux de vaccinés.
A Christ Roi, quartier de Port-au-Prince niché dans les hauteurs de Bourdon, une résidente interrogée autour de la vaccination anti-covid-19, déclare tout bonnement : «Je n’ai pas été vaccinée parce que j’estime qu’on n’aime pas la population haïtienne. Je ne connais pas ce que l’on va m’injecter à travers ce vaccin. En plus, j’ai entendu parler d’une question de puce. Sur Facebook, j’ai vu des images de gens transformés juste après avoir été vaccinés». La conviction de cette dame a pour base les rumeurs. Persuadée, elle estime que ceux qui se sont faits vacciner paieront tôt ou tard les frais.
Questionné sur ce même sujet, l’ancien secrétaire d’État à la communication, Eddy Jackson Alexis estime qu’ils sont «nombreux, les haïtiens qui persistent à croire que la Covid-19 n’existe pas sur le sol national. Voilà pourquoi, ils ne sont pas intéressés à se faire vacciner».
Cet ancien secrétaire d’Était sait de quoi il parle. Il a vécu dans sa chair la perte de son épouse. Et sa voix garde un trémolo de tristesse quand il revient à ce moment douloureux : «La maladie existe ! J’ai perdu ma femme. Elle est morte de la covid-19. J’ai aussi perdu des amis et beaucoup de mes amis ont perdu certains de leurs amis».
Souffrant également de comorbidités, M. Alexis ne s’est pas fait prier pour se conformer à la logique du moment. Il confie : «Je me suis vacciné. J’ai pris les deux doses. J’ai fait ce choix parce que je suis fragile. J’ai déjà eu un AVC. J’ai été aussi opéré au cœur ».
En matière de Covid-19, les hypertendus, les diabétiques, les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires et respiratoires ainsi que les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sont des groupes à risque. Conscient de ce qui se passe dans le monde et autour de lui, Fritz Larochelle, une PVVIH frisant la soixantaine, s’est fait vacciner à la suite d’une série de sensibilisations initiées par Panos. Dès lors, il encourage les réticents à se faire vacciner. Aussi devient-il un exemple.
« J’ai fait le choix de me faire vacciner parce que la Covid-19 est une pandémie qui fait rage dans le monde. Nous autres, en Haïti, nous pouvons dire que nous sommes plus ou moins épargnés parce que le nombre de cas recensés est faible. Cela ne veut pas dire pour autant que nous devons nous laisser aller. En tant que personnes formées, nous devons prendre toutes les précautions nécessaires. Surtout nous autres qui sommes vulnérables ».
Pour sa part, le directeur général du ministère de la Santé publique et de la Population, Dr Lauré Adrien, note que le choix de se faire vacciner est avant tout personnel.
Et comment le médecin soutient-il une telle idée ?
« La décision de se faire vacciner n’est pas contraignante même si elle est fortement conseillée. L’individu est avant tout le premier responsable de sa santé et peut décider quand et s’il veut se faire vacciner. La Covid est toujours là. En matière de santé publique personne n’est à l’abri tant que tout le monde n’est pas protégé. Le vaccin anti-covid-19 est disponible et gratuit. Il permet de sauver des vies car il protège contre les formes graves de la maladie. À date, ce vaccin n’est pas plus nocif que les vaccins de routine que nous donnons à nos enfants par exemple ».
Germina Pierre-Louis
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