Des patients atteints de choléra meurent en silence en Haïti

Un problème de santé publique

 

Comment peut-on savoir le nombre de cas de choléra en Haïti ? Les autorités sanitaires ont déclaré qu’à date, 18 décès ont été enregistrés. 32 cas confirmés et environ 260 cas suspects dans les zones métropolitaines environnant Port-au-Prince, la capitale.

Avec un niveau de violence intenable, qui peut se risquer de circuler comme bon lui semble dans les quartiers contrôlés par les gangs bien ancrés sur leur terre ?

Des patients atteints de choléra meurent, en silence. Un jour, lorsque la situation s’apaisera, on saura combien de familles, ont pu faire de leur mieux pour soigner leurs malades.

Dans un contexte de banditisme généralisé, de kidnapping, de pénurie de carburant, de partage du pays entre bandes armées, de pays lock, de famine, de misère, le cholera est de retour. Il revient dans un pays où le vibrio cholerae a déjà envoyé dans la tombe 10 000 habitants suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010.

On pensait qu’on avait définitivement tourné la page du cholera. On pensait que le chapitre de cette épidémie meurtrière serait une histoire qu’on ne revivrait plus. On se souvient de ces ballets d’ambulance qui sillonnaient, jours et nuits, nos rues et ces brancardiers qui parcouraient sentiers, plaines, montagnes et vallées avec ces corps déshydratés à l’article de la mort.

C’est dans un contexte où les Haïtiens ne font plus confiance à leurs élites de tous bords que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, arrive en Haïti.

Le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken

Le mercredi 12 octobre 2022, une annonce précède l’arrivée du secrétaire d’État américain  : « Mesures pour faire face à la situation humanitaire et sécuritaire en Haïti ».

Il est noté que dans les jours à venir, la Police nationale d’Haïti pourra jouer son rôle. Une assistance en matière de sécurité sera fournie à notre institution policière par les Américains.

Les gangs sont-il inquiets ? se demandent certains observateurs ?

Les gangs, qu’ils soient à Port-au-Prince et dans nos villes de province ne sont pas autonomes. C’est un secret de polichinelle. Eux-mêmes l’avouent à plusieurs reprises dans les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux. Et parfois même, ils saluent joyeusement leurs commanditaires établis sur un roc d’assurance.

Une République vulnérable

Pour permettre à une République vulnérable contrôlée par une poignée de super puissants de respirer un peu, il est écrit formellement :« Nous annonçons également une nouvelle politique de restriction des visas en vertu de la section 212(a)(3)(C) de la loi sur l’immigration et la nationalité à l’encontre des fonctionnaires haïtiens et d’autres individus impliqués dans le fonctionnement des gangs de rue et d’autres organisations criminelles haïtiennes qui ont menacé les moyens de subsistance du peuple haïtien et bloquent l’aide humanitaire vitale. Ces actions peuvent également s’appliquer aux membres de la famille immédiate de ces individus. »

Pour le moment, dans le concret, qu’est-ce qui se fait ?

Le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, déclare clairement : « À l’heure actuelle, le Département d’État identifie un premier groupe de personnes et de membres de leur famille immédiate qui pourraient être soumis à des restrictions de visa en vertu de cette politique. Notre intention, en imposant ces restrictions de visa, est de démontrer qu’il y a des conséquences pour les instigateurs de la violence et des troubles dans le pays, tandis que nous continuons à soutenir les citoyens, les organisations et les fonctionnaires en Haïti qui s’engagent à générer de l’espoir et des opportunités pour un avenir meilleur dans leur nation. »

Sous les menaces, les bandits enracinés dans le terreau de leurs privilèges lâcheront-ils docilement cette proie facile qu’est une République qu’ils arrivent à contrôler avec une aisance déconcertante ?

Entre temps, le peuple américain achemine de l’aide humanitaire à la population haïtienne. Entre temps, l’épidémie de choléra ne fait pas de trêve dans l’attente d’un dialogue constructive entre les différentes parties qui campent sur leur position.

Pour le moment, en Haïti, ce n’est ni la force, ni la volonté qui manque aux médecins, infirmières, agents de santé polyvalents, travailleurs sociaux, aux différents partenaires du ministère de la Santé publique et de la population. La situation qui sévit, ici, contraint à ne pas franchir les limites. On peut laisser sa peau en allant sauver des vies.

Claude Bernard Sérant

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