Des herbes folles jonchent le sol du centre de santé de Fonds Verrettes, une commune située à l’est de Port-au-Prince vers la frontière avec la République dominicaine. Cette structure sanitaire située dans la localité de Guimbi est livrée à elle-même. Que s’est-il donc passé ? Le leader communautaire, Cicéron Gilbert, explique : « Depuis l’arrivée de la pandémie du covid-19, le personnel de santé a abandonné ce centre. Le covid-19 a servi de prétexte pour ne plus venir travailler. »
Debout devant la barrière de ce centre de santé construit sous la présidence de René Préval en 1997, il s’offusque : « Aucun membre du personnel sanitaire nommé par le ministère de la Santé publique ne met les pieds ici. Pourtant, ils reçoivent leur chèque mensuellement. Les autorités sanitaires devraient se pencher sur ce cas. »
« Notre commune n’a que ce centre de santé public pour desservir environ 70 000 habitants. Elle ne peut pas se permettre de le voir fermer aussi longtemps. Trois ans, c’est trop ! », se plaint le président de la Fédération des jeunes pour une nouvelle Haïti, auteur de « La pensée juste, la vraie beauté de l’être humain ».
Visite guidée
Pour avoir une idée de l’état d’abandon des lieux, il nous entraîne dans une visite guidée. « Cet espace est abandonné. Aucun service ne fonctionne », indique-t-il. En effet. La cour intérieure de ce centre est l’expression d’un long abandon. Des plantes sauvages ont envahi le sol, des floralies d’herbes naissent dans les anfractuosités des murs. Quelques touffes de plantes pendent sur l’édifice coiffé de tôles ondulées. « Regardez. Dans la salle de conférence, les araignées continuent à tisser leurs toiles », montre-t-il du doigt. Tout indique la désertion. Portes disloquées, d’autres désarticulées. La poussière poudroie les lieux. « Je me demande où sont passés les cadres qui devraient desservir la population de Fonds-Verrettes», lâche-t-il dans un soupir.
Depuis la fermeture de ce centre, Cicéron Gilbert ne sait à quel saint se vouer. Il multiplie des capsules vidéos sur les réseaux sociaux pour attirer l’attention de tout un chacun. Il espère que son message véhiculé ne tombe pas aux oreilles des sourds à l’heure où Haïti traverse une crise sans précédent dans son histoire.
Claude Bernard Sérant
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