Sous une tente, en plein air, dans une ambiance chaleureuse s’est déroulée la journée de sensibilisation relative aux droits sexuels et reproductifs le 12 août, à l’occasion de la journée internationale de la jeunesse célébrée cette année autour du thème « Solidarité intergénérationnelle : créer un monde pour tous les âges ». Cette activité a été réalisée par le Projet d’Appui à la Santé Sexuelle et reproductive égalitaire (PASSREL) au profit de plus d’une cinquantaine de jeunes dans les locaux de la Fondation pour la Santé Reproductive et l’Education Familiale (FOSREF) située à Delmas 19.
Intervenant en cette journée de célébration, Novia Augustin, présidente de Refuge des femmes, une association luttant pour l’éradication de la faim et de la pauvreté extrême chez les femmes haïtiennes, l’égalité des genres et la réduction de la mortalité infantile, définit la violence comme étant « toute action exercée contre une personne la contraignant à faire quelque chose contre son gré. Elle peut être de nature verbale, physique, sexuelle, psychologique et autres. » Selon Madame Augustin, la violence imprègne la vie sociétale. Malheureusement, elle existe presque dans toutes les institutions, les familles, les écoles, au travail et même à travers les rues et tout individu y est exposé » .
La responsable de Refuge des femmes, après avoir présenté les principales formes de violences notamment les violences sexuelles et basées sur le genre, pense que pour les prévenir dans la société, il importe aux parents, aux organisations des droits humains, à la société civile, à des organisations comme FOSREF, aux responsables d’école de se pencher sur l’éducation sexuelle des gens. Une telle démarche permettra d’éviter des grossesses précoces, d’identifier les actes de violence d’une part, mais aussi de porter à la connaissance des victimes les paramètres à franchir pour avoir des soins médicaux nécessaires et les voies judicaires à entreprendre afin d’obtenir réparations et freiner l’agresseur, d’autre part.
L’Etat a l’impérieuse obligation de garantir le droit à la santé
Me Mona Jean, avocate du barreau de Port-au-Prince et travailleuse sociale, de son côté, a mis les projecteurs sur l’aspect juridique de la question. Cette dernière a fait le point autour du Pacte international relatif aux Droits économiques, sociaux et culturels ( PIDESC) ayant un lien avec les droits sexuels et reproductifs. « Selon les dispositions de l’art 12 du PIDESC, Les États Parties au présent pacte reconnaissent le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre. Cela sous-entend que toute personne, peu importe son sexe, son orientation sexuelle, son appartenance sociale en autres doit jouir du droit à la santé. C’est un prescrit que l’Etat a l’impérieuse obligation de garantir. Il est inscrit dans l’art 19 de la Constitution haïtienne amendée » a relaté Me Jean d’une voix ferme devant un public très attentionné.
« C’est important de connaitre les instruments internationaux et la législation interne du pays relatif aux droits de la personne humaine. Au-delà des dispositions légales, il y a aussi l’engagement citoyen. Une personne a le droit de disposer de son corps comme bon lui semble. Elle a le droit de décider avec qui avoir des relations sexuelles, si elle veut avoir un enfant ou pas. Pointé du doigt une femme n’ayant pas encore une progéniture est un stéréotype qui constitue un obstacle face aux droits sexuels et reproductifs. Avoir des droits c’est être capable de choisir en tout état de cause, en toute dignité en tant qu’être humain », a-t-elle poursuivi.
Selon l’avocate, en cas de violence, la question juridique est extrêmement importante. Elle permet de faire la prévention contre la violence personnelle et aussi de punir le coupable. Lorsqu’une personne est victime de violence, ce n’est pas nécessairement la prise en charge médicale qui va lui permettre de reprendre conscience en la société, il lui faut aussi une prise en charge psychologique. L’être humain est pluridimensionnel c’est-à-dire il est biopsychosocial. Lorsqu’il est victime de violence, il faut que la réparation puisse s’étendre à tous ces niveaux.
Très enthousiastes, les participants n’ont pas hésité à questionner les différents intervenants de cette journée de formation et de sensibilisation. Les membres du groupe théâtral de la FOSREF n’ont pas raté l’occasion de faire vibrer la cour à travers une saynète et une chorégraphie pour pimenter le jour. Des clichés par-ci et par-là cristallisaient le moment.
Esperamcia Jean Noel
esperanciajeannoel@gmail.com
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