Depuis son apparition en 2019, le Sars-Cov-2, ce virus ravageur, est à l’origine d’une crise sanitaire sans précédent. Aujourd’hui, dans le monde, on compte au total plus de 562 000 cas de personnes infectées et 6 339 293 décès dont 837 décès en Haïti. Avec cette pandémie, personne n’est à l’abri. Enfants, jeunes, adultes, personnes de troisième âge, sont frappés par la Covid-19.
Fort de ce constat, pour protéger les individus des formes graves de la maladie voire la mort, les autorités sanitaires ont édicté des mesures barrières et préventives parmi lesquelles figurent la vaccination, l’armure la plus robuste.
La vaccination
« Le vaccin est une administration à l’organisme d’un agent infectieux (virus ou bactérie) sous une forme inoffensive dans le but de déclencher une réaction immunitaire qui protège contre une maladie potentiellement infectieuse. Il incite donc le système immunitaire à reconnaitre l’envahisseur s’il vient et à produire des anticorps pour apprendre à le combattre », explique Ymaison Jean, une infirmière.
« ll faut se faire vacciner ». Un refrain au quotidien. En Haïti, toute une panoplie de difficultés autour de la vaccination. Les sceptiques sont caparaçonnés dans leurs doutes. Que faire ? Les autorités sanitaires haïtiennes de concert avec plusieurs partenaires ont mis sur pied des campagnes de sensibilisation et de vaccination.
Mythes, tabous et désinformations
La perception de la vaccination anti-Covid-19 diffère d’un secteur à l’autre. Dans le secteur religieux, la question de vaccination est enrobée de mythes. Certains chrétiens pensent qu’ils sont protégés par Dieu lui-même. Aussi n’ont-ils pas besoin de vaccins. D’autres considèrent le vaccin comme la marque de la bête.
Nous sommes à Notre Dame d’Altagrâce, une église catholique située à Delmas 42 où presque tous les jours des centaines de pèlerins viennent proclamer leur foi. Mme Thérèse, Bible et chapelet en mains, vient prier au pied de Notre Dame. « Moi, malgré les différentes nouvelles sur cette pandémie, je n’y crois vraiment pas. Étant chrétienne, j’ai foi en mon Dieu. Il me protègera. Je ne laisserai personne m’injecter une substance inconnue dans le sang. Si j’ai un malaise, je boirai des tisanes. Je crois encore au pouvoir de guérison des plantes. » Ses paroles ne sont pas tombées aux oreilles de fidèles sourds proches d’elle.
Pour sa part, Pasteur Louiny Fontal, responsable d’une église logée à Petite Place Cazeau, admet la réticence du secteur religieux face à la vaccination. « Par rapport à la réalité de la Covid-19 dans le secteur religieux, nombreuses sont les personnes qui sont réticentes face à cette pathologie. Il faut prendre en compte que les mythes, les croyances, les tabous et les perceptions de l’individu sur les êtres et les choses ont la vie dure. Pour les mythes, il y a des individus qui divulguent de mauvaises informations sur la pandémie. Et, ils sont même allés puiser des versets bibliques pour corroborer leurs thèses. On doit profondément regretter de telles dérives. Ma foi, c’est par l’information pertinente fondée sur la véracité des faits que la campagne de communication sur les bienfaits de la vaccination atteindra les gens. À travers le monde beaucoup d’efforts ont été déployés, beaucoup de gens ont eu la vie sauve grâce à la vaccination. En Haïti, seulement 1.7 % de la population est vaccinée. Le taux d’immunisation est très faible. Étant berger, j’encourage vivement les fidèles à recevoir leur vaccin parce que c’est la meilleure façon de lutter contre la pandémie de covid-19 »
La directrice de l’Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA), Soeurette Policar Montjoie, attire l’attention sur un fait et rappelle : « Le vaccin anti-covid-19 n’empêchera pas d’être contaminé, mais il protège toute personne qui l’a reçu contre les formes graves de la maladie. C’est impératif de se faire vacciner. Comprenenez que c’est ainsi que l’on casse véritablement la chaîne de contamination. Peu importe qu’on ait à choisir Moderna, Pfizer ou autre. « Mw vaksinen, ou vaksinen, nou tout pwoteje ».
Espérancia Jean Noël