Atelier à Kenskoff du ministère de la Santé publique sur le lait maternel

Allaitement

Protéger les nourrissons et les jeunes enfants est un  devoir. « Lèt manman se richès ti bebe ». Pour une protection durable de la santé de l’enfant, le MSPP et ses partenaires se sont réunis à Kenskoff pour phosphorer autour d’un code de commercialisation des substituts du lait maternel en Haïti et des directives opérationnelles de l’Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant en situation d’urgence (ANJE U).

Dans les hauteurs de Kenscoff, à  The Lodge, un hôtel bien entouré d’arbres, le froid se fait sentir jusqu’aux os. C’est dans cette commune élevée à 1500 mètres de l’arrondissement de Port-au-Prince qu’une vingtaine de personnes venant de différents ministères,  organisations nationales et internationales et organismes indépendants ont participé, du 14 au 17 juin 2022, à un atelier du ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) sur  l’élaboration d’un code international de commercialisation des substituts de lait maternel. Cette initiative relève du  MSPP appuyée par le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) participe de la volonté de doter le pays d’un document juridique pour protéger les nourrissons et les jeunes-enfants.

Dans une salle, située à la partie est de l’hôtel, les participants à cet atelier s’enveloppent de vêtements chauds (chandails, bonnets et foulards). Ils sont très enthousiastes à l’idée d’apporter leur contribution à la réalisation du code de commercialisation des substituts du lait maternel en Haïti.

L’histoire du lait artificiel

La directrice de l’Unité de Coordination du Programme national d’Alimentation et de Nutrition au MSPP, Dr Joseline Marhone Pierre, sourire aux lèvres, regard balayeur, présente les objectifs de la rencontre, met le point sur l’importance du lait maternel.

Dr Joseline Marhone Pierre du MSPP

 Pour que l’humanité découvre l’importance de l’allaitement au sein, toute une histoire l’accompagne. On ne savait pas les grands bienfaits de la tété pour la mère et l’enfant. À cet atelier, le Dr. Claude Sabwa, conseiller technique ANJE-U de l’alliance technique Global Nutrition Cluster (GNC), s’est révélé un pédagogue. Le conseiller, pour asseoir les arguments,  a présenté l’historique du code nutritionnel.

Comment le lait artificiel a-t-il été introduit dans la nutrition des nourrissons et du jeune enfant ? À la lumière des événements du passé, il explique : « L’histoire du lait artificiel remonte aux XIXe. À ce moment-là,  presque tous les bébés étaient nourris au sein. »

L’histoire ne s’arrête pas là. L’ère moderne s’ouvre avec de grands enjeux commerciaux. Justement.  « C’était aussi à cette période que certaines entreprises tentaient de développer des produits pour remplacer le lait humain et de les vendre. En 1869, la première vague des publicités  avait commencé et on utilisait des slogans pour inciter les mères à utiliser des substituts du lait maternel. La première publicité  c’était pour qu’un produit appelé  Leibig’s Food, un mélange de lait de vache avec de farine.  En 1877, la marque NESTLE est apparue sur le marché avec des slogans  comme « Aliment préféré des enfants » Ou encore, un plus sur la prévention des enfants  contre les dérangements intestinaux ». C’est donc à  partir de cette année,  avec plus de disponibilité de ces produits, qu’une chute dans le taux d’allaitement a été enregistrée, fait-il remarquer.

Travail en groupe

Dans un souci pédagogique, Dr Sabwa attire l’attention sur Dr Cicily Williams. Cette-ci est une pédiatre installée à Singapour, cité-État d’Asie du Sud-Est situé sur une île à l’extrême sud de la péninsule malaise. Au Club Rotary de Singapour, en 1939, Dr Williams, pédiatre de son état, lance une alerte retentissante avec une formule percutante : «Lait et meurtre». Dans sa prise de parole, elle met en avant  les dangers encourus par un nourrisson  exposé au lait artificiel. Dès lors, on commence à comprendre ô combien le lait maternel est vital.

Pour avoir pris son bâton de pèlerin et mener à bien ce plaidoyer, en 1948, elle deviendra la première directrice de santé maternelle et infantile à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Depuis lors, le flambeau du plaidoyer que  Dr Cicily Williams avait allumé n’est jamais éteint. En 1973, The New Internationalist,  une revue britannique a publié un article  pour montrer l’impact de la promotion commerciale sur l’allaitement maternel et l’aggravation de la malnutrition infantile. En 1974, War on Want, une organisation britannique, a publié un rapport “The Baby Killer” (Le Tueur de bébés). En 1978, le sénateur américain, Edward Kennedy a porté  cette affaire devant le sous-comité du Sénat américain sur la santé et la recherche scientifique. Il a fallu attendre quatre projets de loi en 18 mois pour que le code soit adopté comme recommandation le 21 mai 1981 par l’assemblée mondiale de la santé.

Groupe de travail à Kenskoff

Sous l’égide du  Dr. Marhone et du Dr Sabwa, des groupes  composés au moins de six personnes sont constitués pour travailler sur la surveillance et l’application du code, l’engagement avec les prestataires de santé et les systèmes de Santé,  l’étiquetage en autres. Ces journées en atelier ont permis de récolter les premiers jets des documents, à savoir le code et les directives opérationnelles de l’Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant en situation d’urgence (ANJE U).

Esperancia Jean Noël

esperanciajeannoel@gmail.com

 

 

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