Séance de sensibilisation sur le PTME à FEDHAP+

La Prévention de la Transmission Mère-Enfant

 

Ce dimanche, dans une salle bondée de la Fédération haïtienne des associations de PVVIH (FEDHAP +), à la rue Fernand, Canapé-Vert, un thème capte toute l’attention : « La Prévention de la Transmission Mère-Enfant (PTME) ». La monitrice de cette formation, Kaïscha, infirmière, test la connaissance de son public. Plusieurs femmes confessent qu’elles ont perdu leurs enfants parce qu’elles ne savaient pas qu’un tel programme existait en Haïti.

La présidente de la FEDHAP +, Marie-Rose Verneret

Madame Jean, prend la parole et confie son drame : « J’ai quatre enfants. La première a vingt ans, elle n’est pas infectée, ma deuxième fille âgée de 13 ans vit avec le vih dans le sang, tandis que les deux autres ne sont pas infectées. »

Quelle explication donnée à ce drame ? Les interrogations ponctuent les échanges verbaux pour accoucher les esprits. Madame Jean explique que le protocole avait été suivi pour son premier enfant. Pour la deuxième, un relâchement s’en est suivi.

L’intérêt du PTME

Miss Kaïscha

Miss Kaïscha, debout devant la salle, prend son temps pour réaliser méthodiquement son exposé. Elle explique : « Cette séance de formation sur le PTME à FEHDAP vous permettra de savoir que la Prévention de la Transmission Mère-Enfant comporte toutes les actions permettant de diminuer ou d’empêcher cette transmission. Vous savez, mesdames, la question ne se poserait pas si la femme n’était pas infectée. En ce sens, il ne faudra commettre aucune négligence. Sachez que la Transmission de la Mère à l’Enfant (TME) est la contamination du fœtus ou de l’enfant par une mère infectée par le VIH. On pourra dire que grâce au programme de PTME, ce drame peut être éviter dans notre pays. »

En vraie professionnelle, elle trace les différentes étapes à suivre. D’un ton posé, elle place ses propos : « Dès que vous êtes enceintes, il est obligatoire de se présenter à un centre hospitalier pour une consultation prénatale. Au centre, on vous proposera, après une séance de counseling, un test de dépistage VIH pour s’assurer si vous avez ou pas le virus dans le sang. Si le test révèle que vous êtes séronégative on vous encouragera à le rester ; au cas où le résultat est positif, vous serez soumise à un counseling post-test pour vous assurer que même si vous êtes séronégative, la vie continue. Pour que tout se passe bien, vous avez intérêt à suivre toutes les étapes pour que votre bébé ne soit pas infecté. »

Daphnée Delva

La monitrice s’étend sur le traitement PTME et parle de la césarienne comme voie privilégiée pour éviter au bébé d’être infecté par le vih lors de l’accouchement et du suivi des mères après l’accouchement.

Témoignages de mères séropositives

Comme plusieurs femmes en Haïti, madame Jean ne savait pas que le fœtus qui se développait dans son sein pouvait être contaminé par son sang. Elle s’était remise à Dieu puisque sa première fille vit sans le vih.

Une autre femme, madame Pierre-Marie, assise avant la dernière rangée, se dresse et déclare : « Je suis infectée par le vih/sida depuis des années. Le programme de PTME, pour moi, est venue trop tard dans ma vie. Si je disposais d’information sur le PTME, mon enfant serait en vie.»

L’infirmière, madame Marie-Dominique Bauzile, prend la parole

La voix cassée, madame Pierre explique qu’en 1999, qu’elle allait régulièrement en séance de consultation depuis les premiers mois de sa grossesse chez un médecin privé. Celui-ci ne l’avait jamais alerté sur son statut sérologique. Neuf mois plus tard, quand elle aura à accoucher, faute d’argent, elle fera le choix de l’Hôpital général de l’Université d’État d’Haïti.

Dans ce centre hospitalier public, les médecins préconisent, à madame Pierre-Marie, une césarienne. Elle refuse catégoriquement cette intervention chirurgicale.  «Je ne savais pas que par voie basse, mon bébé allait être infectée. Huit mois après, mon bébé est mort», apprend-elle.

Cette femme devenue conseillère psychologique dit militer  aujourd’hui pour que le PTME soit connue par toutes les femmes afin que de tels cas ne se reproduisent pas.

Le public

Une autre femme prend la parole et affirme qu’elle est enceinte et porteuse du virus. Pour éviter toute surprise, elle dit qu’elle suit le protocole. «M ap jere bebe a pou l pa enfekte ak vih la menm jan ak mwen»

Militante de la cause du SIDA en Haïti, la présidente de la FEDHAP +, Marie-Rose Verneret, reprend les propos de l’infirmière, et souligne la formule « E = E.  Endetektab = Entransmisib. À partir du moment que vous êtes en âge de procréer, mesdames, faites le test de dépistage du vih/sida. Dès que vous êtes enceinte, faites le test. » À ces mots, elle invite d’autres femmes à témoigner.

Une jeune mère de famille, rayonnante, bien en chair, déclare : «Je suis infectée depuis 1988. Men Daphnée Delva. Je vais toujours à mes rendez-vous. Je prends mes medicaments. L’examen de ma charge virale est réalisé. Je suis indétectable.»

Daphnée Delva proclame sa fierté d’être femme et de continuer à lutter pour son bien-être et le bonheur de sa famille à cette journée de sensibilisation au local de la FEDHAP +.

Claude Bernard Sérant

 

 

 

 

 

 

 

 

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