La quête de l’essence, un grand facteur de stress en Haïti

C’est devenu une coutume, une réalité installée dans notre quotidien, la population haïtienne fait face à une pénurie récurrente de carburant. Dans les pompes à essence, c’est le branlebas de combat. Qui arrivera à obtenir ce précieux or noir ? Quel conducteur de véhicule ne retournera pas bredouille chez lui ? Des centaines de personnes, dont la majorité des motards et des chauffeurs de tap-tap, d’autres munis du fameux gallon jaune se massent dans les stations de service pour s’approvisionner. Une vraie galère !

Cette situation n’est pas sans conséquences, elle affecte toutes les couches de la vie nationale. Passagers, chauffeurs, parents, médecins, universitaires,  responsables d’entreprises pour ne citer que ceux-là, tous se plaignent de  cette difficulté auxquelles ils font face sous ce soleil de plomb. Ils  ne savent pas à quel saint se vouer, ils espèrent une solution définitive des autorités  étatiques. À quand la fin à cette crise ? se demandent-ils ? Ce refrain, on le connait.

Marco, un motard du centre-ville, a laissé sa demeure tôt ce matin. En quête d’essence, il fait une virée ici et là. On dirait que toute sa journée est réduite à ça. Rien que ça. Visage fatigué, lèvres amères, il  « Malgré l’insécurité galopante, je suis ici depuis 6h du matin. Voyez-vous, jusqu’à présent, je n’ai pas encore une goutte de carburant. Cette situation est très désavantageuse pour nous autres qui gagnons notre vie au jour le jour. Il se peut que je passe  la moitié de la  journée dans cette pompe sans même avoir une goutte de gazoline. Que dois-je faire ? J’ai une famille, moi, j’ai de la responsabilité. Ma moto, c’est mon gagne-pain. Pas de carburant, pas d’argent. Et les besoins de la famille ne peuvent pas attendre.» Les m mes lamentations reviennent.

Conséquences de la rareté du carburant

La rareté du carburant impacte grandement la santé des citadins tout comme l’économie entre autres. En effet, une fois qu’une pompe à essence délivre l’or noir, les voies  publiques sont bloquées. Les observateurs soulignent que le carburant est la cause de beaucoup de dérives. On s’engueule, des coups de poings et de gallons ne sont jamais loin.

Un tel état d’anxiété est générateur de stress. Selon la médecine, un corps stressé secrète plus d’adrénaline que la normale. Lorsque cette hormone existe en trop grande quantité dans le sang, la personne devient  nerveuse et peut même avoir  des problèmes cardio-vasculaires et respiratoires, entres autres.

« Selon moi, les hôpitaux sont les plus affectés par cette pénurie, avec la montée de l’insécurité dans le pays, presque tous les jours on nous amène des gens qui ont reçu des projectiles, des femmes enceintes, des personnes souffrant d’AVC. Certains d’entre eux nécessitent des interventions chirurgicales, comment procéder s’il n’y a pas de carburant puisque nous vivons dans un pays où  l’on peut passer des jours sans électricité ? » déclare un médecin de l’HUEH voulant garder l’anonymat.

Pour certaines personnes, cette situation se révèle une opportunité en or pour se mettre un peu d’argent dans la poche. Si dans les stations de service un gallon de gazoline se vend à 250 gourdes, les particuliers le font payer à un prix exorbitant. Le transport et le stockage de la gazoline est un danger pour un environnement où vivent des gens. A plusieurs reprises, le stockage de gazoline dans des récipients non règlementaire a provoqué plusieurs incendies, des pertes en vie humaine et des biens.

Esperancia Jean Noel

 

 

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