Daphnée, une PVVIH en colère contre l’inacceptable

Le représentant de l’ONUSIDA, Dr Christian Mouala

« Cessez d’honorer les personnes détectables, ce n’est pas avantageux pour le programme. Je ne dis pas qu’on doit les stigmatiser ou les humilier, mais il faut les faire comprendre qu’une telle attitude n’est pas bonne. Il y a des gens qui reçoivent les ARV de plusieurs centres, pourquoi sont-ils encore détectables ? Ils ne prennent pas les médicaments, ils les confisquent ou les vendent parce qu’il y a des associations qui réunissent les PPVIH tous les mois et les offrent cinq (500) gourdes. Allant se faire dépister, ils savent pertinemment que leur charge virale sera positive », a lancé Daphnée, une PVVIH, à l’occasion du 39ème mémorial Sida à la chandelle au local de la Fédération haïtienne des associations de PVVIH (FEDHAP +), au Bois-Verna. Elle pointe du doigt les institutions censées être le porte-étendard de la lutte.

Devant un public composé de plusieurs personnalités impliquées dans la lutte contre le VIH/SIDA et des gens affectés et infectés, Daphnée, donne le ton, condamne cette pratique et exige son arrêt en vue de répondre aux objectifs 95-95.

a pause pour le mémorial à FEDHAP Plus

Miss Marie-Dominique Beauzile, une vieille routière de la lutte prend la parole : « Les 500 gourdes ne peuvent être considérées comme un problème, ils permettent seulement aux PPVIH de payer les frais de transport. On doit créer une prise de conscience chez les PVVIH. Ce travail ne concerne pas seulement les associations mais tout le monde. On ne peut pas combattre le shopping médical, la personne reçoit ses médicaments de plusieurs centres et est encore détectable, les leaders des associations doivent former leurs membres sur l’importance des médicaments, la bonne adhérence et le vivre en santé. »

Ayant perdu des proches à cause de ce virus, dès la première vague, cette infirmière s’est lancée à cœur ouvert dans la lutte contre le sida. «Il faut s’impliquer dans la lutte, cela permettra une conscientisation des PVVIH. Il faut les faire savoir qu’en prenant les médicaments dans au moins 17 centres pour les gaspiller, il peut y avoir une indisponibilité à un certain temps. Il faut les pousser à réfléchir à leur avenir vu que notre Etat est démissionnaire et que les ARV viennent directement des contribuables américains. C’est une affaire d’éducation non de 500 gourdes. »

Conséquences sur votre système immunitaire

Vêtu d’une tunique noire, l’actuel directeur pays de l’ONU Sida en Haïti, Dr. Christian Serge Honoré Mouala, faisant acte de présence à cette cérémonie, derrière ses montures a expliqué : « Aujourd’hui, le VIH est une maladie chronique, tant que vous prenez vos médicaments vous êtes indétectable, à un certain moment, une fois que vous arrêtez de prendre vos médicaments pour une raison ou une autre, le virus va commencer à se remultiplier. Il va reprendre son rythme, et casser votre système immunitaire. Ainsi vous passerez au stade Sida. »

Dr. Mouala pense que la communauté a un rôle à jouer aux côtés des autorités sanitaires pour l’éradication de cette maladie. Dès lors, un message d’éducation, de sensibilisation sur le VIH au profit de la population devient un impératif.

Esperancia Jean Noël

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