Campagne de sensibilisation  sur la grossesse précoce au Collège Canado Haïtien 

Une campagne de sensibilisation sur la grossesse précoce chez les jeunes a eu lieu au Collège Canado Haïtien, le vendredi 1er avril 2022. « La santé de la mère et de l’enfant » était le thème retenu pour cette activité organisée par le Rotary Club de Pétion-ville.

Intervenant à cette conférence, Marie Antoinette Toureau, membre actif du Rotary Club et directrice de Konesans Fanmi, a attiré l’attention des écoliers sur les problèmes de santé sexuelle et reproductive des jeunes. « Partant des données de l’EMMUS VI, datant de 2016-2017, on constate que la proportion d’adolescents de 15-19 ans ayant déjà commencé leur vie féconde, est passé de 1.4% à 21.3 %. Déjà, à l’âge de 19 ans, 18.7 % des adolescents comptaient déjà une naissance vivante et 2.5 étaient enceintes d’un premier enfant. En matière d’infections sexuellement transmissibles (IST) et de VIH, la prévalence des IST chez les femmes et les hommes de 15 à 24 ans a atteint respectivement, en 2012, 29.7% et 9.8 %. Pour le VIH, sa prévalence pour ce même groupe d’âge est de 1.1% chez les femmes et 0.9% chez les hommes », a-t-elle informé à son public.

Conséquences d’une grossesse précoce

Pour sa part, Dr Missaindelee Pamphile, médecin en service social, a expliqué en long et en large, aux élèves, les conséquences d’une grossesse précoce : « La première conséquence d’une grossesse précoce est la marginalisation, le rejet de la société, l’église, les parents, les amis. Les gens vous pointent du doigt, vous jugent. Mais, en réalité, les plus grandes conséquences ont rapport au risque de la santé non seulement pour la mère et pour l’enfant. Pour la mère, on a remarqué que chaque jour, près de 194 adolescentes de 15 à 19 ans meurent pendant l’accouchement. Quand il y a grossesse précoce, il y a atteinte à la vie de la personne en question. Le plus souvent, le corps de l’adolescente n’est pas encore prêt pour recevoir et porter le bébé. À leur âge, l’apport alimentaire suffit seulement pour leur développement et n’est pas assez pour nourrir le bébé. Dans ce cas, l’adolescent risque d’avoir des bébés de faibles poids avec des malformations congénitales, insuffisance respiratoire aigüe, retard mental, déficience visuelle etc. Autres conséquences que la grossesse précoce peut avoir, c’est l’arrêt des études, l’obligation d’aller travailler ou de rester à la maison pour prendre soin de l’enfant, plus de bouche à nourrir à la maison ».

Comment prévenir les grossesses précoces ?

Dr Pamphile recommande comme première démarche à entreprendre : faire l’éducation sexuelle des adolescents.es et des jeunes. Selon elle, « Cette éducation ne concerne pas seulement les filles, elle s’adresse aussi aux garçons, car les deux sont concernés. Il faut également éduquer les parents pour qu’ils puissent élever leurs enfants en retour ».

Par ailleurs, elle a encouragé les jeunes à pratiquer l’abstinence. « À votre âge, c’est l’abstinence totale, autrement dit ne pas avoir de rapports sexuels. Comprenez que votre maturation physique n’est pas encore complète. Psychologiquement et physiologiquement, vous n’êtes pas assez prêts. »

Le médecin en service social à l’hôpital Eliazar Germain de Pétion-Ville, Suprien Jerry Raynald, ne partage pas l’avis de sa collègue. Il opte de préférence pour l’utilisation des méthodes contraceptives. Pour illustrer, il a signalé que « les études ont prouvé que parmi les méthodes contraceptives existantes, l’utilisation des préservatifs est la plus efficace et la plus pratique pour prévenir les IST et les grossesses précoces ».

À noter que les grossesses précoces sont majoritairement causées par les rapports sexuelles non-consenties ou non protégés.

Chrislène Soleica Fréderic, une interne à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), rappelle que le sexe demeure un sujet tabou en Haïti.  Elle opine : « Très souvent, nos parents nous cachent des choses soient disant néfastes pour nous. Ce qui nous pousse à agir, sans peser les conséquences de nos actes, par peur d’être pointé du doigt. À votre âge, l’éducation sexuelle est nécessaire. Vos parents doivent vous appendre à utiliser des préservatifs et à prendre des pilules contraceptives ».

Esperancia Jean Noël

esperanciajeannoel@gmail.com

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