Les rues Pavée et des Miracles alignent des espaces logeant plusieurs entreprises comme de petits commerces et des succursales bancaires. Chaque jour, plus d’une dizaine de personnes font la queue devant ces banques commerciales dans l’objectif d’effectuer des opérations transactions : retraits, dépôts, paiement de carte, transferts de fond par chèque, virement ou autres. Disposées à la file indienne sans aucune distanciation physique, discutant entre elles parfois, la plupart de ces clients ne prennent même pas la peine de porter leur masque. Cet outil est très souvent bien rangé dans leur poche ou leur valise ; parfois, plié dans leur main. Aucun respect pour les gestes barrières !
Port de masque : une affaire d’administration
Jacqueline Pierre, commerçante et mère de deux enfants, est parmi ces clients en attente devant une banque de la capitale. La jeune femme avoue être là depuis près d’une heure pour faire un retrait. Elle a besoin de cet argent pour répondre aux frais de traitement de sa mère malade. Un peu inquiète et impatiente, la cliente de la banque ne porte pas son masque. Interrogée à ce sujet, la commerçante affirme que le Covid-19 n’existe pas réellement. «Lorsqu’on contaste tous les maux dont ce pays souffre, s’il y avait vraiment une telle maladie, des milliers de morts seraient déjà enregistrés. Moi, j’achète des masques, c’est parce que c’est un impératif pour avoir accès à l’enceinte de certaines institutions», déclare-t-elle froidement.
Peter Jacquet, 22 ans, un jeune étudiant en génie civil, venant payer ses frais universitaires, confie qu’il n’arrive pas à supporter le masque. «J’ai toujours mon cache-nez avec moi , mais il est toujours dans mon sac. Je me sens inconfortable avec ce morceau de tissus. Quand je le porte, je sens que j’étouffe. Si cette pandémie existait vraiment, à l’heure actuelle je serai déjà six pieds sous terre parce que je le porte seulement lorsque je vais traverser le seuil d’une porte d’un bureau administratif. Maintenant, j’attends mon tour pour le mettre. Une fois sorti de la banque, je l’enlèverrai», dit-il sans sourciller.
Rappelons que depuis son apparition en 2019, le Covid-19 est classé parmi les pandémies les plus mortelles que l’humanité ait connu. Déjà, on a enregistré plus de 6 millions de décès à travers le monde dont 820 en Haïti. Face à cette situation, les autorités sanitaires de nombreux pays ont édicté des mesures barrières que toute personne est tenue de respecter particulièrement les responsables des administrations publiques et privées pour la protection de leur personnel. À côté du vaccin, le port des masques, la distanciation physique et le lavage des mains sont les différentes restrictions imposées pour faire face à ce virus dévastateur.
Malgré les statistiques et les efforts des autorités, la population haïtienne reste encore sceptique et insouciante vis-à-vis de la pandémie Covid-19. Si pour certaines personnes elle demeure un mythe pour d’autres ce n’est que le cadet de leurs soucis. Malgré toutes ces réticences face au port des masques, ce comportement n’est pas partagé par tout le monde.
” Moi, je porte toujours mon cache-nez quand je me rends dans un lieu public, en tap-tap, à l’église ou ailleurs. Cependant, je travaille comme archiviste dans un hôpital, et parfois je constate le calvaire de l’agent de sécurité pour exiger aux personnes fréquentant l’établissement de porter leur masque pour y accéder, mais une fois rentrées, elles l’enlèvent “, déclare un monsieur voulant rester sous le couvert de l’anonymat.
Malgré les différentes campagnes de sensibilisation lancées par Le ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) et des organismes sanitaires, la lutte contre le Covid-19 est loin d’être à son therminus !
Espérancia Jean Noël
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