L’imminence d’un nouvel épisode d’émeutes de la faim en Haïti

Image d’émeute de la faim en Haïti en avril 2018

Selon le dernier rapport de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) publié en novembre 2021 sur l’Indice des prix à la consommation (IPC) ; après les émeutes de la faim d’avril 2008, l’imminence d’un nouvel épisode d’émeutes de la faim devient de plus en plus préoccupante avec la montée vertigineuse dans le pays d’une inflation à deux chiffres de 24.7%. La situation des ménages est aggravée avec l’augmentation par le gouvernement d’Ariel Henry des prix des produits pétroliers sur le marché local à plus de 100%, le 10 décembre 2021, après plusieurs mois de rareté artificielle des dits produits. Depuis, donner à manger dans les familles au moins une fois par jour devient un exercice de plus en plus difficile. Ajouter à cela, la flambée du dollar américain qui pulvérise la monnaie nationale avec actuellement plus de 11 mille gourdes pour 100 dollars sur le marché informel. Et les prix des produits de consommation ont explosé sur le marché.

Par contre, cette situation de misère est loin d’être résolue, car nous n’avons pas senti la volonté des autorités gouvernementales pour attaquer ce problème si profond avec un plan bien ficelé système agricole dans le pays. Les cultivateurs n’ont aucun support du gouvernement, le sac d’engrais se vend jusqu’à 4.000 gourdes dans certains endroits ; ils n’ont pas de systèmes d’irrigation fiable sinon du tout pour irriguer les terres, ni de crédits pour se procurer d’outils agricoles.

Le pire, le phénomène des gangs armés a des conséquences directes sur la production agricole. La plaine de l’Artibonite, l’un des greniers florissants de l’agriculture du pays, a été abandonné en grande partie depuis plusieurs années, à cause des gangs armés. Malgré l’Etat abandonne les paysans qui essayent coute que coute de produire aux de manière archaïque, le minimum qu’ils arrivent à produire pourri au quotidien dans des camions de transport sur nos routes nationales, car ils ne peuvent pas rentrer à Port-au-Prince pour les écouler, à cause des gangs qui contrôlent toutes les entrées de la capitale haïtienne. Le peuple est assiégé, la misère bat son plein, et l’Etat qui a le monopole de la violence légitime dort encore sur son oreiller devant la violence des groupes armés paralysant le pays.

Autre paramètre qu’on doit prendre en compte ayant des conséquences très néfastes sur la flambée des prix des produits de première nécessité et l’aggravation de la pauvreté dans le pays, c’est le phénomène du kidnapping qui devient un cancer métastasé au sein de la société haïtienne. Quand des ravisseurs enlèvent quelqu’un, les proches de cette personne enlevée sont dépossédés vitam aeternam. Encore l’insécurité généralisée aggravant l’insécurité alimentaire.

Quand les prix augmentent autant, c’est le niveau de vie des ménages qui se dégrade de façon exponentielle. La nourriture devient de plus en plus un luxe pour les familles haïtiennes. La hausse des prix ne fait pas de différence entre les produits locaux et ceux qu’on importe de l’étranger. D’où l’aggravation de l’insécurité alimentaire.

Comment s’y prendre pour résoudre ce problème de la faim qui est devenu endémique dans le pays ? C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités vis-à-vis de la nation haïtienne qui n’est pas du tout exigeante !

Ronald Singer

 

 

 

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