À la cérémonie de remise de Prix de la 2e édition du concours national de reportage sur « l’accès des populations vulnérables aux soins de santé, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle », à l’hôtel Montana, le jeudi 10 février, l’atmosphère respirait la fête. Le groupe musical conduit par Charles Grey Toussaint égayait la salle Edna. Cet événement, une initiative du Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS), appuyé financièrement par le Fonds canadien d’initiatives locales (FCIL), mettait en vedette la lauréate du jour, Gina Lafontant.
Journaliste de radio télé Express Continental de Jacmel, Gina Lafontant prend debout la parole devant un parterre d’invités. Sur la table, près du pupitre, prêtent l’oreille à son discours : la représentante du Fonds canadien d’initiatives locales, Raïna Ntawigirira, le premier vice-président du CCM-Haïti et directeur pays de l’ONUSIDA, Dr Christian Mouala et le secrétaire général du RHJS, Gladimy Ibraïme.
La lauréate, qui a remporté haut la main cent mille gourdes, pose son regard sur le public où se distinguent les deux autres gagnants : le jeune Marc Sony Ricot de la section Culture de Le Nouvelliste, 2e prix qui a empoché soixante-quinze milles gourdes pour « Malnutrition : 101 maladies »
et Pierre Jocelyn, 3e Prix du média d’État, Radio Télé Nationale d’Haïti (RTNH), qui a remporté cinquante mille gourdes pour « Accès aux soins de santé ».
Gina, venue de Jacmel, a consenti de grands sacrifices pour venir à Port-au-Prince. Elle a dû se lever de bonne heure, contourner la zone rouge de Martissant infestée de bandits, elle a dû traverser des voies de montagne pour arriver enfin à l’heure où la cérémonie tirait à sa fin. Elle reprend son souffle. Elle a le trémolo dans la voix :« C’est un immense plaisir pour moi personnellement de recevoir cette gratification récompensant mon travail. Nous avons semé de bons grains, nous avons récolté des fruits. Nous sommes fières de moissonner aujourd’hui. Je suis fière d’avoir durement travaillé pour mériter ce valeureux prix sanctionnant notre travail, et fière aussi de participer au processus de former et d’informer la population. »
Cette jeune femme de trente-deux ans, correspondante de radio France internationale (RFI) dans le Sud’est d’Haïti, qui a commencé sa carrière de journaliste en 2016, a réalisé un reportage audio de trois minutes « La malnutrition chez les enfants » pour décrire la situation nutritionnelle dans la section communale de Marbiale et aussi dans l’hôpital public Saint-Michel de Jacmel.
L’émotion dans la corde vocale, elle a remercié le jury qui a fait choix d’elle ; elle a loué le RHJS et le Canada pour cette idée de continuation dans la valorisation et l’encouragement des journalistes à raconter des histoires aussi touchantes pour attirer l’attention de l’opinion publique.
La journaliste, diplômée de l’école de droit, professeure et animatrice de radio, ainsi que les deux autres gagnants ont reçu un certificat de réussite pour leur exploit à ce concours.
Pour cristalliser l’événement, le secrétaire général du RHJS, Gladimy Ibraïme, Raïna Ntawigirira de FCIL et Christian Mouala d’ONUSIDA, ont posé avec les heureux gagnants.
Le premier vice-président du CCM-Haïti et directeur pays de l’ONUSIDA, Dr Christian Mouala, qui avait pris part à la cérémonie d’investiture d’un nouveau comité du RHJS en novembre de l’année dernière, encore une fois, a répondu à l’appel du réseau. Il a indiqué que l’organisation qu’il dirige se fera le devoir d’accompagner ce réseau de travailleurs de la presse afin de les inciter à mettre l’information liée à la santé sous les feux de l’actualité. Aussi a-t-il déclaré : « En tant que journalistes, vous avez toujours une histoire, quelque chose à raconter, mais il faudrait qu’il y ait des initiatives comme celles de ce matin pour vous encourager, vous stimuler et vous donner l’espoir et une vision pour voir comment vous êtes utiles à partir du lieu où vous vous situez. »
Dr Mouala a félicité les membres du jury pour la qualité de leur travail et de leur appréciation. En effet, les représentants des presses écrite, parlée et télévisée ont marqué leur présence en obtenant chacun un prix à ce concours supporté par le ministère de la Santé publique et le Canada.
RHJS : un sens de l’engagement
Prenant la parole à son tour, la représentante du Fonds canadien d’initiatives locales (FCIL), Raïna Ntawigirira, a complimenté le Réseau pour son sens de l’engagement dans le travail de terrain qui amène les journalistes à s’intéresser aux sujets liés à la santé. Par ailleurs, elle a souligné que c’est dans ce sens que le Fonds canadien encourage le RHJS à poursuivre son but.
« Le Canada compte sur des journalistes influenceurs, influenceuses pour défendre les populations vulnérables afin de leur donner un meilleur accès aux soins de santé, à la sécurité alimentaire et nutrionnelle, d’attirer l’attention de l’opinion publique et des autorités sur l’urgence d’agir », a-t-elle déclaré.
Visiblement, le secrétaire général du RHS, Gladimy Ibraïme, était content de clôturer cet événement qui a mobilisé beaucoup d’énergie. Après avoir parcouru des kilomètres avec son équipe pour former, aux Cayes, du 3 au 6 février, des journalistes, il avait amplement profité de ce momentum pour remettre les prix aux gagnants du concours audiovisuel dont le thème s’articulait autour des violences sexuelles dans le grand Sud. Quatre jour plus tard, à Montana, il était à nouveau sur la sellette. Une fois de plus, avec son équipe, il allait faire des heureux.
Qu’est-ce qui se profile derrière cette joie ? Ibraïme le dit : «Pour le RHJS, ce concours est un prétexte, une stratégie pour attirer l’attention de l’opinion publique et des autorités sur la nécessité et l’urgence d’agir. L’accès des populations vulnérables aux soins de santé, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle est une urgence de premier ordre et ne saurait attendre, comme le dirait le ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle, Nesmy Manigat.»
La secrétaire générale adjointe du RHJS, Nitale Pierre de Télé Éclair, rayonnait de sourire dans cette cérémonie de remise de prix de la 2ème édition du concours de reportage qui a ouvert une parenthèse culturelle rythmée de musique, de poésie et d’humour si agréable à la joie de vivre et au bien-être.
Claude Bernard Sérant
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