Bel instant du RHJS aux Cayes en humour et en poésie

FOKAL/ Réseau haïtien des journalistes de la santé

À la cérémonie de remise de prix de la 2e édition du concours de vidéo amateur organisée, le samedi 5 février 2022, par le Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS) pour des adolescents âgés entre 12 – 18 ans autour du thème « Violences sexuelles dans le grand Sud : briser la glace », l’ambiance était sympatique à Backyard dans la ville des Cayes. La native de la commune de Torbeck dans l’arrondissement des Cayes, Victor Mondy, 16 ans, a obtenu le premier Prix, sous les ovations du public composé en grande partie de journalistes et de parents des vidéastes amateurs.

Le secrétaire général du RHJS, Gladimy Ibraïme et trois des heureses gagnantes du concours

RHJS a fait plusieurs heureux dans le grand Sud

Grâce à l’appui financier de la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL), le RHJS a fait plusieurs heureux dans la péninsule du Sud : Dieunica Saint-Hilaire, Anse-à-Veau a reçu le 2e prix : 25 000 gourdes; Gabriel Merlande de l’Anse-à-Veau, département des Nippes, a raflé le 3e prix : 15 000. Gourdes; Figaro Osna, Jérémie 4e Prix : 10 000 Gourdes et 5e Prix : Daïka Pierre de la ville Jérémie, dans la Grand-Anse : 5 000 gourdes. Cerise sur le gateau, tous les gagnants ont reçu des livres. (Nostomanie, MUPANAH, catalogue des documents écrits sur du papier, Galère en autobus, un regard sur le transport en commun en Haïti, La guerre des cerfs-volants, pour ne citer que ces titres.)

Au cours de la cérémonie animée par Martine Vancole, le journaliste senior, Louiny Fontal, qui avait animé avec les moniteurs du RHJS la formation pour vingt-sept journalites, durant deux jours, a fait rire la salle, un pasteur s’est improvisé humoriste. On a ri à gorge déployer. Claude Bernard Sérant, pour sa part, a lu un texte venant de son cru « Rêve d’enfant », un poème de Josué Agénor Cadet tiré de Nostomanie et deux poèmes de Georges Castera. Pour conserver les traces écrites, voici les textes.

Je te cherche

Dans l’eau qui coule sous les ponts
À travers mille soleils qui brillent

Dans la voie lactée
Dans le vent qui souffle
Sur la terre en rotation
Sous nos pas pressés
Au cœur du feu qui brûle
Dans la cheminée,
Je te cherche, trésor
Toi, l’héritière de la faucille d’or,

Dans le champ des étoiles.
Pour faire couler
Dans le ruissellement du verbe,

L’or de mes poèmes

Devenu chair.
Je voudrais te parler d’amour

Toi qui hantes le balcon de mes nuits

Suspendu entre ciel et terre

Pour te chanter l’ivresse de l’azur

Sur les notes du printemps

Pour te dire en tremblant
Mes chants de baisers et de rêves

Je sais que tu es là
Sur la même planète que moi

Sans savoir où tu te caches
Je ne peux pas te voir

Déesse de la nuit
Je sais que tu es là

Dans le parfum des lys,
Des lilas
Et le susurrement des sources cristallines.

Pierre Josué Agénor Cadet (Nostomanie)

Claude Bernard Sérant offrant son livre à Mondy

Certitude

« Ce n’est pas avec de l’encre

que je t’écris

c’est avec ma voix de tambour

assiégé par des chutes de pierres

Je n’appartiens pas au temps des grammairiens

mais à celui de l’éloquence

étouffée

Aime-moi comme une maison qui brûle.»

Georges Castera (L’encre est ma demeure)

Quand tu ris

Ton visage se libère
Tu ris toutes les rires
qui habitent ton corps
Tu ris tous les soleils
toutes les lunes
toutes le rues
en une seule brassée
tu te ris d’elle
en les passant au crible
le plus fin
jusqu’à ce que le nombril
de tous les chemins
atterrissent dans ta paume.
Quand tu ris, chérie,
Le vent court après toi
pour rire en ta compagnie.
Quand tu ris
c’est comme si le soleil,
Se posait dans ma main
en de millions petits morceaux
de verre clignotant
à n’en plus finir.

A chaque fois que tu ris,
moi aussi je ris
pour mourir de rire
dans tes bras,
Pour mourir de rire
dans l’ivresse
de ta joie.

Georges Castera (A Wodpòte)

Rêve d’enfant

Quand j’étais petit, je voulais être chômeur. Eh oui ! Nous sommes aujourd’hui 12 millions d’habitants en Haïti. 60% de la population en âge de travailler vivent dans le chômage. Raison de plus pour que j’installe dans ma tête l’idée que je suis né avec ma révocation avant même de pointer mon CV devant un patron. Eh ouais! C’est comme ça. ” M fèt tou revoke tou revoke “.

Maintenant je suis grand, je suis chômeur. Oui. Vous voyez bien… j’ai la tête d’un chômeur. Et je suis fier de l’être.

À un moment, j’hésitais entre ouvrier-chômeur et patron-chômeur. Finalement j’ai choisi ouvrier. C’est plus cool. Eh ben, je suis content parce qu’il y a beaucoup plus de choix en Haïti.

Ça par exemple ! Depuis quelque temps, le ministre de l’Economie et des Finances claironne partout que l’Etat va créer des emplois, des emplois pour décourager tous les individus comme moi qui passent leur temps à se gratter et à sentir ce qu’ils grattent. Grate santi, grate santi… yon bon pas tan. M ap pase tan nan paswa. Ou pa ta fè yon ide.

Le ministre a révélé que le secteur privé va créer des emplois. Des emplois !? Waw !

Les kidnappeurs ont pris le ministre au mot.

Les kidnappeurs ont saisi cette opportunité barbe et moustache. C’est tendance hein ! Ils ont sauté sur l’occasion. Eh oui ! Ah oui ! Vous voyez bien à présent le marché du kidnapping est florissant. Ça crée de l’emploi. Chaque jour un kidnapping par-ci. Un cas de kidnapping par là. Un kidnapping au nord, un autre au sud. Le marché du kidnapping n’est pas cantonné à Port-au-Prince, en province aussi ça fleurit. C’est la décentralisation. À outrance ! C’est la croissance du marché. Avec l’argent du kidnapping les kidnappeurs font du social. Certains rêvent de construire des écoles, des cantines, des dispensaires, des hôpitaux et tant de choses pour arroser les chômeurs.

A la radio, j’ai entendu que c’est parce qu’il n’y a pas de travail que ces gens créent ce genre de débouché.  Ah ouais !

Moi je suis né chômeur, moi. Ça ne m’embête pas. Je ne cherche pas de débouché.

Je connais le refrain. Les gens veulent du travail. Du travail ! On n’entend que ça en Haïti. Les gens veulent du travail, du travail ! C’est agaçant ! Ce n’est pas vrai ! Le travail, c’est de la fatigue, le travail, pour nous, c’est de la souffrance. De l’argent nous suffirait. Point barre !

N.B. : Ce texte de Claude Bernard Sérant est une parodie d’un sketch de l’artiste français Michel Colucci, dit Coluche, un monstre sacré de l’humour. Il a exploité, ce texte; il l’a actualisé, cette parodie, histoire de ne pas travailler. Exploiter l’idée de l’autre pour rigoler aux Cayes, le temps d’un week-end, c’est bon pour la santé.

Claude Bernard Sérant

Pour l’équipe du RHJS composée de Gladimy Ibraïme, Louiny Fontal, Sabry Iccénat, Herley Joseph et de Claude Bernard Sérant, la cérémonie de remises de Prix de la 2e édition du concours de vidéo amateur, à Backyard, a offert l’occasion de vivre un bel instant aux Cayes loin des jours stressants de Port-au-Prince.

La rédaction du RHJS

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