« Comment positionner le journalisme de santé dans l’actualité en Haïti ? » Ce thème traité par l’invité du jour, Claude Bernard Sérant, à la relance des « Dimanches du RHJS », le 30 janvier 2022, a captivé l’assistance réunie au local du Réseau haïtien des journalistes de la santé (RHJS), à la rue Camille Léon.
« Quoi de plus fondamental ? Quoi de plus important que la santé ? Elle est la seule richesse. Si vous avez de l’argent, vous n’avez pas la santé, vous allez vous trouver sur un lit d’hôpital pour recevoir des soins. Que c’est merveilleux une femme qui donne la vie ! Que c’est important la prévention ! Prévenir vaut mieux que guérir, n’est-ce pas? C’est nécessaire de suivre les indications prescrites par notre médecin. Tous ces sujets interpellent chacun de nous ici, présent, au local du RHJS. En tant que journalistes de santé, ces sujets méritent d’être traités », a déclaré l’intervenant de ce dimanche, le conseiller de développement institutionnel et mobilisation de ressources du réseau, Claude Bernard Sérant, avant d’asseoir ses explications sur le concept de l’OMS de la santé dans la vie de l’être humain. « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »
Se positionner dans l’actualité
L’intervenant défend le principe selon lequel ce droit fondamental qu’est la santé appelle le journaliste à se positionner dans l’actualité afin que les informations relatives au domaine sanitaire ne soient pas reléguées au second plan.
La secrétaire adjointe du RHJS, Nitale Pierre, a opiné sur la question. « Dans nos médias, la tendance penche plutôt sur les informations politiques parce qu’elles font du buzz. Elles rapportent davantage aussi aux patrons des médias. »
Le secrétaire général du RHJS, Gladimy Ibrahim, a saisi cet aspect de la question pour avancer : « Tout ne doit pas être une question de buzz lorsque nous savons où ce phénomène peut entraîner une société. Toutefois, l’information sanitaire, si l’on tient compte à cet aspect très tendance, elle aussi peut faire du buzz. On peut prendre en exemple : la covid-19. Tout le monde est branché covid-19. »
L’ancien conseilleur du RHJS, Stevenson Jacques Louis, a réagi rapidement : « Attention ! Les gens sont intéressés à l’épidémie de covid-19, parce qu’ils savent que c’est une question de vie ou de mort. »
Sur la même idée de Stevenson, Ibrahim a ajouté : « C’est ce qu’on essaie de faire comprendre. Le journaliste a pour devoir de toucher l’aspect humain lorsqu’il traite de l’information. Quand l’information touche les gens, ils s’intéressent à l’information autant politique, économique ou sportive. »
Faisant suite à cet aspect, Sérant a rebondi sur l’argument : « Toute information dont l’intérêt premier est de faire du buzz, comme ces informations liées au climat sécuritaire du pays, à la mauvaise gouvernance, ne génère que du stress. Et quand les informations ne vont que dans ce sens-là, elles ne font que dégénérer notre état de santé. Avez-vous lu la Une du quotidien Le Nouvelliste, cette semaine ? Plus de 82% des Haïtiens rêvent de quitter le pays, révèle une enquête. Est-ce ça qu’on veut offrir à notre pays ? Est-ce qu’on ne réalise pas que les Haïtiens de la diaspora évitent de rentrer en Haïti ? » Autant d’interrogations qui font penser.
« Le journaliste de santé a pour devoir de publier des informations précises, fiables, objectives. Sa tache n’est pas du tout facile, a dit Sérant à ce premier rendez-vous de l’année autour des « Dimanches du RHJS ».
Abordant un autre aspect de la question, Sérant prend position pour un journaliste de santé créatif comme au temps où il animait Attitude, aux côtés de Roosevelt Jean-François, Louiny Fontal et Guerlain Guervil. Puisant dans ses souvenirs, il attire l’attention sur ces faits : « Le journaliste de santé doit faire preuve de créativité. Du temps où j’animais des émissions de santé à radio Mélodie FM pour le compte du Centre de communication sur le sida, mon émission, pour casser la monotonie, présentait une variété de genres journalistiques dans le temps d’antenne. On avait des brèves, des reportages, une revue de presse de l’actualité santé traitée dans nos médias, un micro-trottoir. Parfois on introduisait un portrait à l’émission. On avait toujours des invités qui intervenaient sur ces informations. Et on accordait un espace pour des appels téléphoniques. Nos auditeurs avaient une libre tribune pendant quelques minutes. »
La position du journaliste de santé dans l’actualité en Haïti dépendra toujours de son leadership, de sa compétence, de sa capacité à traiter une information complexe dont l’enjeu est capital puisqu’elle a un impact direct sur la vie de celui qui consomme cette information. Aussi Sérant a-t-il fait comprendre que ce journaliste-là se doit d’être un pédagogue pour arriver à faire le pont entre l’autorité sanitaire, le spécialiste, le médecin et le public, dans un langage compréhensible qui véhicule une information de qualité.
Pour le volet culturel de cette soirée du Réseau, l’intervenant des Dimanches du RHJS a lu un extrait d’un poème du dernier recueil de Pierre Josué Agénor Cadet ayant pour titre Nostomanie.
Marie Juliane David
julianedave@icloud.com
Discussion à propos de post