Confidences d’une PVVIH

 

Tandis qu’il vient de leur dévoiler leur statut sérologique, sa copine et sa belle-famille le mettent carrément à la porte. Harry Joseph (nom d’emprunt) est l’une de ces nombreuses victimes de la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) en Haïti. Séropositif depuis 14 ans, c’est avec beaucoup de peine qu’il raconte sa mésaventure.

 

Lorsqu’il apprend sa séropositivité en octobre 2007, il s’est senti déboussolé, désorienté. Aidé de médecins et de psychologues, le jeune homme découvre que la vie n’est pas finie. Il peut vivre comme tout le monde avec le VIH dans son sang, mais à une condition : il doit adhérer aux antirétroviraux.

« Je prenais mes médicaments chaque jour à l’insu de ma copine et de ma belle-famille. Je ne voulais pas que ma copine soit infectée. Je voulais la protéger. Alors, je luttais pour garder mon statut “ Indétectable” c’est-à-dire incapable de lui transmettre le virus. »

Stigmatisation, un grand défi pour les PVVIH

 En Haïti, les PVVIH sont le plus souvent stigmatisées, marginalisées, discriminées par la société, leur famille, amis et autres… La peur d’être infectée par le virus est plus forte que la volonté de les aider à surmonter leur maladie.

Harry n’est pas le seul à connaitre ce sort. L’amour, son cheval de batail, n’a pas pu vaincre sa copine à l’accepter avec son statut sérologique.

« Après trois ans de vie commune, je ne voulais plus cacher mon statut sérologique à ma copine et à ma belle-famille. Malgré les conséquences que cela pourrait engendrer, j’étais déterminé à leur révéler mon secret. Aussitôt fait, ma copine est allée faire le test de VIH. Elle était négative au grand étonnement de sa famille. »

Une PVVIH qui prend ses médicaments régulièrement ne peut pas transmettre le VIH/Sida à son partenaire parce que le virus devient infiniment petit dans son sang. Il est donc indétectable ou intransmissible. La copine de Harry n’en croit pas ses oreilles. Elle préfère vivre loin de son copain pour se protéger.

« Dans la soirée, vers les 11 heures, ma copine et sa famille m’ont mis à la porte. Ils ont envoyé toutes mes affaires à la rue. Les gens du quartier assistaient au scandale. Les voisins avaient appris mon statut sérologique. J’étais victime d’incompréhension de la part de la personne que j’aimais le plus au monde. Désorienté, j’ai pris mes affaires et erré dans la nuit. »

Être rejeté par ses proches n’est pas une situation facile à vivre. Les personnes stigmatisées recourent le plus souvent au suicide.

« Ce soir-là, je voulais qu’une seule chose : mourir. Je ne pouvais pas arrêter de pleurer. J’avais nulle part où aller. J’ai passé le reste de la nuit sur une place. Le lendemain, je me suis rendu à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti. Là-bas, d’autres PVVIH m’ont remonté le moral et m’ont convaincu à ne pas arrêter le traitement. »

Malgré ce rejet, Harry continue à se battre pour sa vie. Il invite les autres PVVIH à faire de même.

« J’aime toujours ma copine, mais j’ai appris à vivre sans elle. Dans la vie, il toujours identifier les gens qui veulent notre bien et avancer avec eux. Je remercie toutes les personnes qui m’ont aidé jusque-là. Être PVVIH n’est pas synonyme de mauvaise personne, de pervers. Une PVVIH est comme un diabétique ou un hypertendu. Elle doit prendre ses médicaments pour rester en vie », admet le jeune homme tout en espérant être le dernier à être victime de stigmatisation à cause de son statut sérologique.

Marie Juliane DAVID

julianedave@icloud.com

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