D’après le dernier rapport de l’Enquête sur la mortalité, la morbidité et l’utilisation des services (EMMUS VI) publié en 2018, « en Haïti, 28 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques ». D’autre part, ce même rapport dévoile tristement que « plus d’une femme sur dix est victime de violence sexuelle à un moment de sa vie ». Une situation qui s’est empirée avec les divers cas de viols recensés dans le pays ces derniers temps. Une étude spotlight dirigée par les Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), au mois de juin de cette année, révèle que « 30% des femmes et filles haïtiennes de 15 à 49 ans sont victimes de violence physique. 34% de femmes en couple sont victimes de violences conjugales. 37% des cas de violence génèrent des blessures graves. Mais rares sont les femmes qui acceptent de briser le silence sur cette violence par peur de représailles. »
Qu’entend-on par violence basée sur le genre ?
« La violence basée sur le genre encore appelée violence sexiste, explique Dr Elisma Marinho au micro du Réseau Haïtien de journalistes de la Santé (RHJS), se réfère à l’ensemble des actes nuisibles, dirigés contre un individu ou un groupe d’individus en raison de leur identité de genre. » En outre, poursuit le médecin, « Elle ne concerne pas seulement les femmes et les filles, mais aussi les hommes et la communauté LGBTQI souvent sujette à la discrimination. »
Par ailleurs, le spécialiste en médecine interne et VIH souligne : « La violence basée sur le genre peut se manifester sur différentes formes ». Il en distingue cinq types : « économique, psychologique, émotionnelle, physique ou sexuelle. Dans cette dernière catégorie, on peut ranger l’harcèlement sexuel et le viol. » Il définit le viol « comme tout acte de pénétration vaginale, anale ou orale non consentie, commis sur une autre personne en utilisant une partie du corps ou un objet ».
« On ne peut pas parler de viol s’il n’y a pas pénétration sans consentement », insiste l’interniste.
Chez nous, en Haïti, les cas de viol sur les femmes sont très récurrents. Pour diminuer cette tendance, le psychologue Jean Maxime Chéry plaide pour un renforcement des lois punissant les individus commettant ces actes, l’encadrement des gens victimes de viols (suivis médical et psychologique) et l’éducation de la société pour l’adoption d’un nouveau regard vis-à-vis des victimes.
Impacts physique et psychique du viol
Le viol a de nombreuses conséquences à la fois sur la santé morale et physique de la victime. Comme conséquences physiques, mentionne Dr Marinho, « il peut entrainer de graves lésions au niveau anal ou vaginal (surtout au niveau anal, parce que cet endroit n’est pas lubrifié naturellement), des infections ou maladies sexuellement transmissibles, hépatite B, grossesse non-désirée, blessures corporelles et autres…»
De plus, le viol affecte psychologiquement la victime. Celle-ci, éclaircit Dr Chéry, « peut sombrer dans la dépression. Sa chose précieuse a été volée. Elle perd alors son estime de soi. Elle a honte. En plus, la société la culpabilise. Elle devient donc traumatisée. »
Pour supporter ce poids lourd, la victime doit extérioriser ses émotions. Pour se faire, la société doit l’accepter comme telle et l’aider à guérir. « L’accent doit être mis sur l’éducation sexuelle des hommes et des femmes. La société doit arrêter de voir les hommes comme des coqs c’est-à-dire qu’ils n’ont pas besoin de consentement pour agir. Elle doit aussi encourager les femmes à devenir indépendante financièrement, à cultiver leur autonomie », propose Dr Marinho qui plaide également pour un changement de notre mentalité par le biais de l’éducation afin de diminuer le taux de viols sur le territoire national.
Marie Juliane DAVID
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