L’adhérence des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) aux traitements anti-rétroviraux (ARV) demeure, à date, en Haïti, une problématique majeure dans la lutte pour l’éradication du VIH. Sur 160 000 PVVIH présents sur le territoire national, seuls 103 400 sont actives aux ARV. D’où une faible proportion, soit 60 % de PVVIH, arrive à atteindre la suppression de la charge virale dans leur organisme. Ceci est majoritairement lié à la stigmatisation et la discrimination qu’ils subissent.
Pour renverser cette tendance, le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS), à travers TIDE Haïti de la Georgetown University, propose une nouvelle approche dans la prise en charge des PVVIH : les services « DDP ». Cette stratégie vient s’ajouter à celle de la Distribution d’ARV Communautaire communément connue sous le vocable de DAC dans le but d’améliorer la rétention en soin à l’échelle nationale
C’est quoi l’approche « DDP » ?
En Anglais Drugs Dispensing Points, « les DDP sont des points de distribution communautaire de médicaments travaillant en synergie avec les sites de traitement pour supporter la prise en charge des PVVIH », explique Dr Darwin Dorestan, directeur du projet DDP. Mis sur pied en octobre 2020, « le but de ces centres, poursuit-il, est de faciliter l’accès des séropositifs aux ARV tout en les aidant à rester sous médication aussi longtemps que possible ». Déjà, ce programme compte plus de 1 500 bénéficiaires depuis son lancement.
Par ailleurs, dans ces points de distribution discrètement placés dans des endroits stratégiques, les participants ont droit à des services « tapis rouge », des services « VIP », des services gratuits. Ils ne sont plus des patients, mais des clients.
« Nous, au sein du Réseau DDP, nous mettons le client au centre. Nous travaillons pour le satisfaire avec des services de qualité en tout respect et confidentialité. Chez nous, c’est le client qui choisit comment et quand prendre nos services », confie le médecin spécialiste en implémentation du programme VIH & TB.
Comment reconnaître les DDP ?
« Les services DDP sont, pour le moment, disponibles dans les six départements les plus touchés par l’épidémie du VIH à savoir le département de l’Ouest, le Nord, le Nord-Ouest, le Nord-Est, le Sud-Est et l’Artibonite », a fait savoir Dr Dorestan. En outre, continue-t-il, « Pour être abonné à un DDP, les patients peuvent obtenir toutes les informations et devenir utilisateurs de ce service par le biais de leur site de prise en charge (médecin traitant, infirmière en soin ou autres…) ».
Au total, on dénombre 23 DDP sur toute l’entendue du territoire national dont 11 dans le département de l’Ouest, 5 dans l’Artibonite, 3 dans le Nord, 2 dans le Nord-Ouest, 1 dans le Nord-Est et 1 dans le Sud-Est. Sur ces 23 centres, 20 sont déjà fonctionnelles et les clients peuvent facilement s’y rendre.
« Les services DDP sont disponibles dans des pharmacies, des cliniques privées, des centres de santé publiques et des associations de PVVIH », indique le directeur du projet DDP de l’Université Georgetown.
Les patients séropositifs sont souvent victimes de stigmatisation ou de discrimination dans les centres de santé. Les prestataires de services dans les DDP, ont-ils été informés sur la manière de les aborder ? À cette interrogation, Dr Dorestan qui milite, avec son équipe, pour le respect des droits des PVVIH hause un peu le ton. « Les prestataires de services dans les DDP sont formés de la même manière que dans un service à la clientèle. Ils se mettent volontiers au service des patients en toute confidentialité et avec respect. Si l’un d’eux manque de respect au client, il sera poursuivi en justice », menace le médecin.
La nouvelle approche DDP dans la lutte pour l’éradication du VIH/ SIDA en Haïti ne laisse pas indifférent les PVVIH.
Marie Juliane DAVID