Après toutes ces années au service de la jeunesse estudiantine haïtienne, voici comment il est remercié : Kidnappé, séquestré, puis lâchement assassiné. Me Patrice Michel Derenoncourt était un professeur compétent, discipliné, jovial, toujours au service de ses étudiants et prêt à collaborer avec ses collègues. Il a enseigné, pendant plus de 37 ans, les mathématiques, la philosophie, la sociologie juridique, l’histoire des institutions politiques haïtiennes, la sociologie des partis politiques dans plusieurs de nos universités : l’Université d’État d’Haïti (UEH), l’Université Notre Dame d’Haïti (UNDH), l’Université de la Fondation Aristide (UNIFA) etc., Il était parmi les rares intellectuels à vouloir rester au pays, en dépit de tout, pour servir sa patrie.
L’exécution sommaire du professeur est la preuve palpable que ce pays ne sait pas ce qui est bien pour lui. La passivité des autorités face à ce crime odieux témoigne grandement qu’Haïti n’a que faire de ses têtes pensantes. Ce sont des groupes armés qui sont à l’œuvre désormais. La disparition subite de cet éminent professeur, Me Derenoncourt, est un coup d’envoi à l’accélération de la fuite de cerveaux puisque vivre en Haïti, de nos jours, est un grand risque que beaucoup ne veulent plus prendre. Ils ne veulent pas finir comme Me Derenoncourt.
Le malheureux n’a même pas eu droit à des funérailles dignes de ce nom voire un dernier hommage de la part de sa famille, ses proches, ses amis, ses collègues professeurs et ses étudiants. Ces derniers engagés dans un cursus d’enseignement supérieur en qui il a investi son temps, ses connaissances et ses compétences pleurent amèrement son départ.
Le professeur a été assassiné comme un vulgaire individu. C’est comme s’il n’avait jamais servi sa patrie. Participer à l’éducation de la jeunesse de son pays, est-ce un crime ? Être un intellectuel au service de sa terre natale, est-ce un acte illégal ?
Comment concevoir qu’Haïti soit tombée si bas ? Quel avenir peut-on espérer dans un pays qui chasse, tue et mange ses intellectuels ? Patrice Michel Derenoncourt n’est pas le premier et ne sera sûrement pas le dernier à connaître ce sort puisque les kidnappeurs n’ont pas chômé. Ces bandits, ces terroristes sans foi, ni loi continuent d’opérer comme bon leur semble. Ils continuent de terroriser la population. Ils continuent de s’attaquer à l’intelligentsia haïtienne. Le nom du professeur Derenoncourt vient s’ajouter à cette longue liste sans fin de martyrs, de morts sans sépulture que connait cette nation depuis un certain temps.
Marie Juliane DAVID