« Tout victime de viol doit se rendre à l’hôpital dans les 72 heures qui suivent l’agression », a déclaré Dr Elisma Marinho, spécialiste en médecine interne et VIH, au micro du Réseau haïtien de journaliste de la santé (RHJS) dans une interview autour de la violence basée sur le genre et la prise en charge des victimes de viol sur le territoire national.
En Haïti, les cas de viol ne cessent d’augmenter jour après jour. D’après une étude spotlight menée par les Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), au mois de juin de cette année, « 30% des femmes et filles haïtiennes de 15 à 49 ans sont victimes de violence physique ». Un constat alarmant qui demande l’intervention urgente des autorités concernées à la fois dans la prévention ou la diminution de cette tendance et la prise en charge des victimes.
Que faire après un viol ?
« La victime de viol, explique Dr Marinho, doit se rendre dans l’immédiat à l’hôpital pour se faire traiter et prévenir certaines maladies et infections qui pourraient découler de l’agression. Ceci doit se faire avant les 72 heures qui suivent l’acte. Cette première prise en charge, on l’appelle prophylaxie post-exposition ». Par ailleurs, « dans cette première prise en charge, des soins psychiques seront administrés à côté des examens physiques et autres…Le rôle du psychologue, dans ce cas, est d’aider le patient à verbaliser sa douleur, ses angoisses etc. pour ne pas sombrer dans la dépression », ajoute le psychologue Jean Maxime Chéry.
En quoi consiste la prophylaxie post-exposition (PPE) ?
La PPE, révèle Dr Marinho, est « un moyen de prévenir les différentes séquelles physiques et psychiques que pourraient engendrer une agression sexuelle comme le viol, l’inceste etc. chez une victime. »
Les conséquences engendrées par le viol sont nombreuses. La PPE prend en compte ces dernières dans l’élaboration de son programme de prise en charge. Elle consiste donc en deux temps : une partie physique et une partie psychique.
« La prise en charge physique de la victime de viol, fait savoir Dr Marinho, passe d’abord par l’examen physique du patient, la prévention des infections sexuellement transmissibles comme le VIH/sida, la syphilis, la gonorrhée, la chlamydia et autres… ; la prévention de la grossesse, le traitement des blessures physiques s’il y a lieu et pour finir la prévention de l’hépatite B et du tétanos. »
La prise en charge de la victime ne s’arrête pas là. Aussi, la patiente doit être assistée par un psychologue. Car, « l’appui psychosocial est un élément fondamental de l’assistance médicale aux victimes de viol », confie Dr Chéry. « La plupart d’entre elles, poursuit le psychologue, retrouvent un état psychologique normal au travers du soutien émotionnel et de la compréhension assurés par des personnes de confiance, des conseillers de la collectivité ou des groupes de soutien. »
« L’aide psychologique apportée aux victimes de viol, souligne Dr Chéry, peut se dérouler en plusieurs étapes : mise en confiance du patient, entretien individuel avec la victime, entretien collectif (avec les proches de la patiente sur les comportements à adopter en faveur de la victime), entretien de couple (si le patient a un partenaire), thérapies de groupe (où le patient rencontre d’autres victimes), prescription de médicaments comme les antidépresseurs etc. ».
La PEP peut durer jusqu’à 28 jours dépendamment de l’état de la victime. « Après cela, mentionne Dr Marinho, un suivi médical doit être fait pour le patient durant les six mois à venir. »
« Dommage que rare sont les patientes qui atteignent la fin de ces six mois. Certaines viennent uniquement le premier jour. D’autres abandonnent après une ou deux semaines », avoue tristement l’interniste.
Marie Juliane DAVID