Le deuxième album de Givens François, « Born again », est sorti le 8 octobre aux Etats-Unis. « Born again » est un bouquet de onze morceaux rafraîchissant qui appellent au « Tèt ansanm », à la conscience citoyenne pour renouer la perle des Antilles à la douceur de vivre d’antan.
Un ensemble de journalistes, d’opérateurs culturels ont fait le déplacement pour accueillir ce nouveau-né dans l’espace attrayant de Gold choice Ballroom, en Floride.
Givens François, le créateur, le maître-à-penser de cet album, était comme un poisson dans l’eau lors du lancement de ce nouveau-né. « Born again », l’album tant caressé dans les rêves de l’enfant de Gros-Morne, a réuni pour le meilleur, des étoiles haïtienne et américaine.
Une belle brochette de stars a apporté leur touche dans chaque composition aux tonalités unies dans la diversité et le constraste. On repère parmi les grosses pointures : Dadou Pasquet, Daddy Beaubrun, le rappeur americain Qwest Kid, Track Son, les parolier André Fouad, Magnus Marcelin, le trompettiste haïtiano-américain Jean Caze, le bassiste Mackenson Lubin, le trombonniste Brandoon Beasley, les batteurs Kéandre Kelley, John Bern Thomas, Markus Schwartz, le trompettiste Lovens Lubin, le saxophoniste alto Michael Emmanuel, le percussionniste Atissou Legba, Tinès Salvant, Nathalie Augustin, Steve Kornicks,Tania Momperoussepour ne citer que ces stars
La fusion de ces talents a fait rayonner les valeurs culturelles du patrimoine rythmique local dans un mélange éclectique qui s’ouvre sur les couleurs harmoniques américaines, caribéennes et africaines.
Le rappeur americain Qwest Kid a fait couler un flow de paroles sur Haitian girl. La chaleur de son slam en dit long sur la portée de cet artiste dans le public américain. Par ailleurs, les morceaux qui font palpiter ont pour titre : Born again, Wake up planet, Rasanble, Haitian girl, Miroir, off we go, Interlude sasa ye la, Lamiral, Better life, et aussi une gamme de balades relevées aux couleurs des standards américain qui rappellent la fluidité du cuivre de Kenny G, Candy Dilfer et le Vénézuélien Ed Calle.
Dadou Pasquet a donné le ton sur cet opus dans « Rasamble », un mélange de rasin et de world beat. La voix de Dadou s’impose en rassembleur. Le lead vocal du Magnum band appelle toutes les filles et fils d’Haïti à un konbit pour activer les leviers du développement d’Haïti. Ce konbit passera par une parole qui valide les bonnes énergies dormantes dans les consciences haïtiennes. Cette parole, porteuse de lumière dans « Rasamble », annonce une Haïti où l’homme cultive des rêves de lendemain qui chante.
Des voix pour éveiller la conscience
Le poète André Fouad fait une incursion dans l’univers de « Born again », à travers la lumière de sa poésie. La voix du poète éveille la conscience :
«Sasa ye la! Sasa ye la!
Lawoze benyen nan san
Timoun yo pèdi chimen rèv yo
Nan mitan yo gwo dezòd
Nou pa konn ki non pou n ba li
Sasa ye la! Sasa ye la!
Zile a ap fè fon nan fon lanmè
Sasa ye la! Sasa ye la!
Adye o adye o!
Nou tounen yon bann pope twèl
Anba je lajounen
Nou tounen yon bann pope twèl
anba je lannwit
Nou tounen yon bann pope twèl
anba je senk kontinan yo… ».
«Miror», un texte de Givens François frappe fort le coeur du mélomane dans une parenthèse de parole mélodieuse et touchante portée par le slameur Magnus Marcelin.
« Soweto, Washington, Milan,
Paris, Port-au-Prince, Montréal.
Chaque ville de cette planète terre est une nuit de blues
Chaque rue de ce monde s’est métamorphosée en cimetière à ciel ouvert
Cimetière dans la cour royale, cimetière dans les églises.
A Washignton, cimetière dans les boîtes de nuit.
Cimetière dans les foyers conjugaux.
Ostracisme! Snobisme népotisme, apartheid
Chaque jardin est un bouquet de fleurs de la déraison
Nous marchons la tête baissée vers l’insignifiant
Le lugubre, le vide, le néant»
«Miror» de Givens François, dans son déploiement, invite celui qui écoute à se ressaisir. Le chantre, qui déloile le réel à travers un pan de son lyrisme, a compris que le temps de la redemption de chacun d’entre nous est arrivé. Belle note d’espoir dans la grisaille du quotidien haïtien frappé par tous les malheurs.
« Born again », est un album à plusieurs tiroirs. Il s’ouvre sur des tonalités qui créent des mondes de sons et de distinctions qui nous invitent à délecter aussi de douces ballades qui appellent à l’aventure. Sur ces morceaux, le saxe de Givens François recrée des étés qui s’ouvrent sur de grands moments de bonheur en solo, en famille ou en groupe d’amis.
Claude Bernard Sérant
Source : Le Nouvelliste