Ce document, présenté devant un parterre de journalistes dans les locaux du RHJS, donne une idée du travail à accomplir pour aider nos confrères et nos consœurs à se relever de cette catastrophe. Notons au passage qu’il n’existe pas de journaliste sans média.
Le RHJS a constaté que le flux d’informations inondait la presse traditionnelle et les médias en ligne dès les premiers moments du drame. Les nouvelles venues de tous les secteurs frappés par la catastrophe étaient récoltées et répandues à la minute. Quant aux informations relatives aux médias et aux journalistes, elles parvenaient au compte-goutte. Sur la base de cette défaillance dans le terreau même des médiateurs, vecteurs par lesquels passe l’information pour parvenir au public, le RHJS a jugé opportun d’ouvrir une fenêtre sur cet aspect.
Ce que dit le rapport
La moisson sur le terrain consignée dans le rapport donne une idée du travail à accomplir. Que dit le rapport ? Le secrétaire général du RHJS, le Dr Lespérance Odilet, dresse le bilan : « Les dommages en termes d’infrastructures physiques des stations de radio évaluées sont énormes. Sur les 57 médias pris en compte dans le cadre de ce travail, le réseau a enregistré six bâtiments complètement effondrés, dont cinq dans le département du Sud; 38 autres bâtiments, soit environ 66% endommagés (fissures, balafres, murs éventrés, toitures abimées…), dont 17 dans le département du Sud et 14 dans la Grand’Anse. De ces bâtiments, 19 (soit 31,57%) ont subi de lourds dommages : trois dans les Nippes, neuf dans le Sud et sept dans la Grand’Anse. 19 ont subi de légers dommages : quatre dans les Nippes, huit dans le Sud et sept dans la Grand-Anse. Et 13 bâtiments, soit 22,80%, en sont sortis indemnes : quatre dans les Nippes, quatre dans le Sud et cinq dans la Grand’Anse. »
En termes de matériel, ajoute le porte-parole du réseau, Gladimy Ibraïme, « quatre (4) de ces médias (tous dans le département du Sud) n’ont rien pu récupérer (émetteur, mixer, amplificateur, tower, antenne, relais…),. alors que 38 autres, soit environ 66%, ont leur matériel endommagé. 12, soit 21,05%, ont leur matériel sévèrement endommagé : quatre dans les Nippes, trois dans le Sud et sept dans la Grand’Anse. 26, soit 45,61%, ont leur matériel légèrement endommagé : cinq dans les Nippes, neuf dans le Sud et douze dans la Grand’Anse. Cinq n’ont pas pu encore évaluer les dégâts subis par leur matériel : un dans les Nippes et quatre dans le Sud. Et le matériel de 10 n’a subi aucun dommage : un dans les Nippes, six dans le Sud et trois dans la Grand’Anse ».
Les enquêteurs ont noté que quatre médias du département du Sud ont perdu leur bâtiment ainsi que leur matériel. Aussi ont-ils souligné qu’un peu moins de la moitié de ces médias, au total 26 (45,61%), n’était pas en ondes au moment de la collecte d’informations : quatre dans les Nippes, douze dans le Sud et dix dans la Grand’Anse.
Les communes touchées par ce rapport sont ainsi réparties : département des Nippes: Miragoâne, Petite-Rivière des Nippes, Fonds-des-Nègres, Paillant; département du Sud : Aquin, Saint-Louis du Sud, Cavaillon, les Cayes, Torbeck, Camp-Perrin; département de la grand’Anse: Abricots, Beaumont, Duchity, Jérémie et Roseaux.
« Pour déterminer le niveau de dégâts subis par les médias, le réseau n’a recouru de l’avis d’aucun expert. Les journalistes enquêteurs ont dû se contenter de ce qui est perceptible à l’œil nu. Aussi, pour certains médias, ils ont dû se fier aux informations fournies par les propriétaires ou responsables », a fait savoir le Dr Lespérance. Pour sa part, Ibraïme a renchéri : « La mission n’a pas pu évaluer l’état des sites des médias situés dans les hauteurs et des sites de relais situés dans des endroits éloignés du site principal. Les membres de la délégation n’ont pas pu non plus évaluer les domiciles des journalistes et des travailleurs de la presse sinistrés à la suite du séisme. »
Pour la mise en œuvre et la gestion de ce projet
Le rapport a insisté sur le fait que l’équipe de mise en œuvre ne disposait pas de beaucoup de temps. Elle a pu collecter une somme d’informations au niveau des différentes communes et départements visités. Toutefois, le RHJS croit que ces informations fourniront des pistes intéressantes à toute les institutions souhaitant monter et mettre en œuvre des projets sérieux susceptibles de venir en aide aux journalistes et médias victimes de ce tremblement de terre. En faisant ressortir l’ampleur de ce séisme sur les médias et les journalistes des trois départements affectés, les enquêteurs ont réussi à cartographier les médias et journalistes touchés par le cataclysme. La mise en œuvre et la gestion de ce projet ont été possibles grâce au concours de la Fondation Hirondelle, l’Institut Panos, les journalistes Mariana Palavra, Walter Mulondi, Lequel Adinor, Rémy Rigueur et l’Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA).
Le RHJS a formulé plusieurs recommandations. On notera l’évaluation des bâtiments encore debout hébergeant les médias; l’accompagnement psychologique des journalistes et travailleurs de la presse ; la formation des journalistes en journalisme humanitaire et intox ; la mise à la disposition des journalistes de moyens (logistiques et financiers) pour faciliter leur déplacement vers les sections communales touchées par le séisme.
Claude Bernard Sérant
Discussion à propos de post