« Un cimetière vivant »

Image du tremblement de terre aux Cayes

 

Image du séisme dans le département du Sud d’Haïti
Eglise dévastée

« Il y avait des sanglots partout

Les cieux grimaçaient de douleurs

La poussière des cadavres en éclat

Puait le sang des membres déchiquetés

Des os broyés sous les dalles

Les yeux crachaient la terreur

De la mort à deux doigts côtoyée

Par des rescapés en quête

Torturés, hagards, sans souffle

Ecartelés d’entre les gouffres

Pourtant les chiens s’étaient mis à aboyer

Les oiseaux s’étaient enfuis

Bien avant d’une drôle de manière

La terre avait bougé

Et des voix avaient prévenu

Les clameurs s’amplifiaient

Dans les rues les gens s’amassaient

Passaient des hommes ensanglantés

Des femmes et des enfants estropiés

Zombis de cimetières effarouchées

Explosées les maisons, aplatis les étages

Implosés les abris, propulsées les enceintes

brisures, fêlures…

De pierres, de briques, de fer et de ciment

Enrobés de chair et tachetés de sang

Chacun pour soi tous pour un

Sueurs, angoisses, inquiétudes

Souffrances, douleurs, sans espoir

errances, délires…

Il fallait être dehors, ailleurs

Réflexes reptiliens sans raisons ni rimes

Peurs bleues, noires-orange et cendres

Pourquoi mourir, pourquoi vivre

Pourquoi moi, pourquoi pas ?

La nuit et le jour s’accouplaient

La terre et les cieux s’agrégeaient

Les lumières projetaient des voiles de pleurs

Les ombres fabriquaient des tissus de marbre

Morts et vivants partageaient le même lit

A même la rue, à même le sol. »

Claude Carré

Quitter la version mobile