« Il y avait des sanglots partout
Les cieux grimaçaient de douleurs
La poussière des cadavres en éclat
Puait le sang des membres déchiquetés
Des os broyés sous les dalles
Les yeux crachaient la terreur
De la mort à deux doigts côtoyée
Par des rescapés en quête
Torturés, hagards, sans souffle
Ecartelés d’entre les gouffres
Pourtant les chiens s’étaient mis à aboyer
Les oiseaux s’étaient enfuis
Bien avant d’une drôle de manière
La terre avait bougé
Et des voix avaient prévenu
Les clameurs s’amplifiaient
Dans les rues les gens s’amassaient
Passaient des hommes ensanglantés
Des femmes et des enfants estropiés
Zombis de cimetières effarouchées
Explosées les maisons, aplatis les étages
Implosés les abris, propulsées les enceintes
brisures, fêlures…
De pierres, de briques, de fer et de ciment
Enrobés de chair et tachetés de sang
Chacun pour soi tous pour un
Sueurs, angoisses, inquiétudes
Souffrances, douleurs, sans espoir
errances, délires…
Il fallait être dehors, ailleurs
Réflexes reptiliens sans raisons ni rimes
Peurs bleues, noires-orange et cendres
Pourquoi mourir, pourquoi vivre
Pourquoi moi, pourquoi pas ?
La nuit et le jour s’accouplaient
La terre et les cieux s’agrégeaient
Les lumières projetaient des voiles de pleurs
Les ombres fabriquaient des tissus de marbre
Morts et vivants partageaient le même lit
A même la rue, à même le sol. »
Claude Carré