Jamais dans l’histoire de la république d’Haïti depuis la chute des Duvaliers, le pays n’a connu une période aussi sombre, aussi troublée. La santé de la population sur le plan mental a subi un grand choc. La vie est banalisée a un point tel que les images des cadavres de nos morts sont montrées sur des réseaux sociaux pour faire du buzz. Dans une Haïti de spectacle morbide, ces images sont commentées, likées, partagées et deviennent virales.
Ces spectacles malsains ont un effet dévastateur sur la santé mentale de la population. Il faut voir par-là, le coup encaissé par les familles. Stupéfaites, elles regardent leurs proches mourir de mille morts. L’image de leur cadavre exposé dans le monde 2.0. Le digital est devenu un lieu d’avilissement, de penchant dépravé au plaisir de monter ce qui révulse.
Au cours des mois derniers, l’image des policiers représentant l’Autorité publique a été mise à mal. Le corps des agents de la police nationale a été vilipendé, désacralisé, réduit à néant comme nos institutions qui se sont vidées de leur principe et de leur substance. Les agents de la police, immolés sur l’autel du banditisme, ont introduit dans la conscience sociale, que la vie de l’Haïtien ne vaut plus rien. Les bandits ont posé leur signature sur les cadavres des policiers hachés comme du bétail et balancés dans des capsules vidéo à consommation instantanée.
Le dernier événement en date, l’assassinat du président Jovenel Moïse, en sa résidence privée à Pèlerin dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, a révolté la conscience de la population. Il a traversé le corps social comme un séisme. Un coup dur pour une démocratie qui se cherche.
Une vieille blessure
Depuis l’assassinat du président Vilbrun Guillaume Sam en 1915, Haïti a tourné la page sanglante de son histoire. Ce crime odieux vient d’ouvrir une vieille blessure longtemps cicatrisée. Tout démocrate s’attendait à ce que le citoyen Jovenel Moïse réponde des actes dont on lui a reprochés. Jamais la société ne s’attendait à une mort aussi violente et aussi tragique de l’homme qui devrait être le plus protégé de la République. Toutefois, il faut accorder un certain crédit à l’Autorité publique qui n’a pas laissé trainer l’image du chef de l’État sur les réseaux sociaux.
Pour un réseau de journalistes qui inscrit la conception de la santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans sa philosophie et la tient comme boussole, il exhorte tout un chacun à avoir toujours à l’esprit que « la santé est un état complet de bien-être physique, mental et social. »
Dans un milieu où la collectivité, le bien commun, se vit comme une abstraction pour l’individu, le bien-être se consume dans les braises de l’enfer que nous avons créé.
La rédaction du RHJS