Dans une note parue en date du 23 juin 2021, le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) a autorisé les agences de produits pharmaceutiques à importer les vaccins dans une dynamique pour lutter contre l’épidémie de la Covid-19 en Haïti.
Si dans tous les pays lancés dans la vaccination actuellement contre la Covid-19, l’État se donne pour l’obligation de se procurer du vaccin, s’assurer de la communication et rendre accessible ce traitement préventif à leur population est un devoir démocratique. En Haïti, ce devoir n’est pas assuré par les décideurs de la République. Manifestement l’État se décharge volontiers de cette responsabilité pour la confier à des structures privées de vente de produits pharmaceutiques.
Pour un problème majeur de santé publique comme celui de la Covid-19, l’État, étant le garant de la sécurité publique, se doit d’identifier la stratégie la plus inclusive et la plus sécuritaire pour la protection de la santé et du bien-être de la population.
À bien observer, laisser la vaccination aux mains des structures privées est un choix discriminatoire qui va priver à une grande majorité de la population la possibilité d’accès à un produit d’ordre stratégique.
Cette décision est un acte de démission et d’irresponsabilité de l’État vis-à-vis d’une population majoritairement pauvre, peu informée dans un contexte de crise sanitaire grave.
Pour un problème de santé publique de cette envergure, se décharger de la vaccination est une preuve de trop qui met à nu le travail d’un groupe d’hommes et de femmes qui œuvre pour le renforcement de l’iniquité, de la discrimination, de l’inégalité en matière de santé dans un pays en proie à une épidémie qui met en phase dans cette deuxième vague, des variants sévères.
Si on est d’avis que la vaccination doit être facultative mais avant tout elle doit être disponible, accessible et gratuite puisqu’il y va de la sécurité publique.
La Covid 19 continue de tuer la population haïtienne
Cette pandémie a déjà causé la mort de 393 personnes en milieu hospitalier. Pour la semaine allant du 13 au 18 juin 2021, 32 décès hospitalier ont été enregistrés. Soit une augmentation de 113% par rapport à la semaine précédente. Les nouveaux cas d’infection au nouveau Coronavirus augmentent eux aussi de 5.1% par rapport à la semaine précédente en passant de 789 à 831.
La semaine dernière, l’Autorité publique avait décrété l’état d’urgence sanitaire. Les cas de décès régulier constatés et le nombre élevé de patients admis à l’hôpital (186 pour la semaine dernière), cette situation devrait interpeler les responsables sur le meilleur choix à faire pour garantir la protection sanitaire de la population.
Qui en Haiti peut s’acheter un vaccin anti-Covid-19?
Les coûts des vaccins varient entre 6 à $ 40 US sur le marché international. En tenant compte du coup de transport, de la conservation et les marges de profits du vendeur, on est en droit de se demander quelle portion de population aura la chance de se faire vacciner ?
Pour ce qui le désire et qui n’a pas les moyens de se procurer un vaccin chez un distributeur, son unique choix est de se laisser à la merci de la nature et du temps.
L’état de pourriture du pays actuellement est le résultat d’une politique discriminatoire laissant régulièrement une large partie de la population au bord du trottoir. Pour illustrer : l’éducation, la santé, la justice, le logement, l’environnement, l’insécurité sont entre autres les domaines où les inégalités sont palpables.
Allons ! un effort salvateur pour accompagner le peuple haïtien en ces temps déraisonnable qui nous poussent à nous demander : est-ce ainsi que les hommes vivent ? N’oublions pas que « Le peuple est le sol sur lequel repose toute nation » pour reprendre Lamartine.
Dans le contexte d’une pandémie qui menace la sécurité publique et la vie des citoyens, l’État a l’impérieuse obligation de s’assurer du bien-être collectif.
Dr Odilet Lespérance
MD, Secrétaire général du RHJS
Discussion à propos de post