Sous le leadership des responsables de l’Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA), plus de 200 patientes (femmes et jeunes filles) venues de diverses localités de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, ont reçu, le samedi 29 mai dernier, au locale de l’organisation, à Delmas 54, une séance de consultation et de distribution de médicaments gratuits. Cette activité a bénéficié de l’appui technique de plusieurs institutions partenaires de l’Odelpa, dont Georgetown University, Onusida, Housing –Works, CMMB et FOSREF. Aussi, une dizaine de prestataires de santé dans les domaines de la médecine interne, gynécologie obstétrique et médecine familiale ont-ils été à la disposition des patientes.
Lors du lancement de cette journée de consultation qui coïncidait avec les activités de célébration de la fête des mères, le dernier dimanche du mois de mai de cette année, la présidente de l’Odelpa, madame Ficeline Rateau a déclaré aux micros des journalistes que, « la santé est un droit indispensable pour la survie de tout être humain ». Pourtant, selon la militante des droits humains, en Haïti, il n’est pas permis à tout le monde d’y avoir accès. C’est le cas par exemple pour les femmes et les filles des zones vulnérables du pays, considérées pour la plupart comme les principales victimes de ce manque.
C’est pour répondre justement aux besoins sanitaires de cette couche de la population que l’Odelpa a mis sur pied cette séance de consultation qui est désormais à sa deuxième édition. Cette activité était l’occasion pour plus de 200 femmes et filles de se faire ausculter gratuitement.
En plus de l’aspect clinique, des kits d’hygiène et de protection du nouveau coronavirus ont été également distribués. Aussi, les patientes avaient-elles reçu de la nourriture et des médicaments gratuitement.
« Pour cette année, le nombre de patientes était largement supérieur par rapport à 2017, l’année de la réalisation de la première édition», reconnaît madame Rateau, étonnée de constater le nombre de personnes en quête de soins de santé et de médicaments.
«Malgré la longue file d’attente, les bénéficiaires ne se plaignent pas. Cela nous montre à quel point les besoins en santé pour des milliers de femmes et de filles vivant au cœur de Port-au-Prince, sont énormes. Je me suis posé la question à savoir : qu’en est-il de la santé des habitant vivant dans les milieux reculés du pays ? », s’interroge perplexe le numéro un de cet organisme haïtien de lutte contre la pauvreté. Elle se dit toutefois fière d’accompagner, avec le peu de moyens dont dispose ODELPA et ses partenaires, ces femmes et filles nécessiteuses.
Le bâtiment de l’Odelpa transformé en véritable hôpital de campagne
Avec deux salles de consultations, une salle de tri, une salle de laboratoire et une salle servant de pharmacie, le local de l’ODELPA est transformé en un laps de temps en un véritable hôpital de campagne, prêt à accueillir des patientes.
Marie, 34 ans, vient d’être auscultée dans le cadre de cette clinique mobile. Son médecin soignant, le docteur Joey Prosper, directeur du Centre Haïtien de Télémédecine, lui a diagnostiqué un kyste ovarien. Il s’agit en fait d’une sorte de poche solide souvent remplie de fluide, située soit dans un ovaire ou à la surface de celui-ci.
La jeune femme s’est montrée inquiète pour sa santé. « Cela fait plusieurs mois que j’ai ressenti des douleurs au niveau de ma partie génitale. J’avais toujours voulu me rendre à l’hôpital afin de savoir de quoi il s’agissait exactement. Faute de moyen financier pour les frais de consultation, ce n’était pas fait », explique, regard figé et rétrospectif, la jeune femme, mère de trois enfants.
« Avec trois bouches à nourrir, le loyer et des frais scolaires à payer régulièrement, comment vais-je faire pour pouvoir tenir les deux bouts du mois et répondre du même coup à mes besoins de santé », s’interroge la jeune femme célibataire.
Docteur Prosper, d’un ton ferme et tranquille, rassure la jeune. « Plus de peur que de mal pour Marie. Les premiers diagnostics révèlent que sa situation sanitaire n’est pas si compliquée. Heureusement qu’elle est arrivée ici à temps. Son cas sera vite pris en charge», promet le médecin. Il indique que le suivi médical de la jeune femme sera assuré par des spécialistes de l’institution de santé dont il dirige.
Un ouf de soulagement thérapeutique…
Tout comme Marie, ces femmes et filles vulnérables ont toutes été reçues dans une ambiance de convivialité et de respect. Au cours de cette journée, les cas de pathologie les plus fréquentes recensées chez les patientes sont notamment les problèmes de fibrome, de kyste, d’infection vaginale, des gastroentérites, de l’hypertension artérielle, de diabète et de cholestérol, alerte la directrice exécutive de l’ODELPA, madame Sœurette Policar Montjoie. Elle exprime toutefois sa satisfaction par le fait que, selon elle, « toutes les patientes ont pu bénéficier d’une assistance médicale adéquate et les cas les plus délicats sont également pris en charge par l’organisation et référés automatiquement dans des centres médicaux appropriés pour les suivis nécessaires».
La réalisation de cette journée de clinique mobile est la résultante d’un engagement citoyen et d’une franche collaboration entre l’ODELPA, ses partenaires techniques et financiers de la société philanthropique, spécialement dans le secteur de la santé. Les différents médecins, infirmières, technologistes médicaux, pharmaciens et agents de santé, qui ont prêté leur service à cette cause, l’ont fait de manière bénévole.
Leur détermination et leur volonté de servir les plus faibles méritent amplement d’être louées, renforce madame Policar. Elle en a profité pour annoncer, une autre séance de consultation de la sorte, à la fin du mois de juin. Elle concerne exclusivement des hommes et des jeunes gens. « Cette activité rentre dans le cadre de la célébration de la fête des pères, le 27 juin 2021 prochain », conclut madame Sœurette Policar.
Louiny FONTAL