Jacques Georges Reid, ce nom vous dit-il quelque chose? Jacques était un haut cadre, un expert dans le secteur de l’éducation. Le coronavirus a ravi cet être cher à notre affection. Sa mort est survenue au Centre Covid de Delmas 2, le samedi 19 juin 2021, à l’âge de 73 ans, suites à des complications respiratoires.
L’hospitalisation de ce cadre a été un parcours du combattant. D’abord à Citimed, un hôpital privé, puis transféré au Centre Covid Delmas 2, après plusieurs démarches pour lui trouver une place. Dans cette zone de non droit qu’est Delmas 2, les concerts de tirs l’ont affecté terriblement. Le stress, l’angoisse, la peur ont contribué à affaiblir son système immunitaire. Quelques jours avant de rendre l’âme, son épouse, Nadège Reid, nous avait appelé au Réseau haïtien de journalistes de la santé (RHS) pour nous demander des livres. Cet homme taillé dans l’étoffe de l’intellectuel, savait qu’il avait besoin de lecture positive pour stimuler son élan intérieur. Dans son dernier message sur Whatsapp, il avait écrit à son épouse : « Besoin d’ordinateur, Internet, cahier, crayon pour communiquer. J’ai observé beaucoup de choses. J’aurais pu crever » (Message reçu le jeudi 17 juin à 10 h 32 P.M).
« J’ai reçu ces messages de détresse de mon époux, ils m’ont empoigné le cœur. Je voulais essayer de le retirer de Delmas 2, mais tout s’était ligué contre une prise de décision urgente : absence d’ambulance, information stressante dans les médias, insécurité dans cette zone rouge où l’on tire sur tout ce qui bouge m’ont désarçonné. Jacques ne voulait plus rester dans ce lieu angoissant. Il était dans une salle commune observant les patients tomber à droite et à gauche. C’était désolant et désarmant pour un être aussi sensible », se plaint madame Reid, cœur serré, larmes retenues.
Lors de son intervention à la conférence de presse de les Jeudis du RHJS, le numéro un de la Direction de la Santé scolaire du ministère de l’Éducation nationale, le Dr Érold Joseph, avait précisé que dans le contexte du coronavirus, tout patient a besoin d’influence positive pour le détendre et le soulager. Il avait utilisé des concepts de la médecine comme dopamine, sérotonine qui sont des hormones du bonheur.
Jacques avait un grand besoin de sérotonine pour son humeur, pour l’aider à combattre l’anxiété. Encore une fois, l’insécurité, ce poison qui mine notre société nous tue à petit feu. « Nous mourrons tous», a gémi Délira Délivrance dans Les Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain, une lecture que Jacques, un esprit très porté sur le social, aimait savourer.
Jacques, cet homme courtois, au visage illuminé de sourire, aimait la vie.
L’expertise de Jacques au service de nos institutions
Jacques, qui avait étudié les sciences de l’éducation, la gestion de projets, les statistiques, va laisser un grand vide dans le secteur de l’éducation en Haiti. Après avoir passé plus d’une trentaine d’années en Afrique et en Europe, notamment à Moscou et au Congo Brazzaville, il avait pris la décision de revenir dans son pays.
A son retour en Haiti en 1997, il avait mis son expertise au service de plusieurs institutions. Au ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle, après avoir passé plusieurs années comme consultant, il a été directeur de Planification et de la Coopération externe. Dans un grand nombre institutions œuvrant dans le secteur de l’éducation et assistance sociale, Il a été consultant : Plan Haiti, BID, UNICEF, USAID, Save the children, FAES, AIR, GOPA, AFPEC pour ne citer que celles-là. Il était durant ces dernières années, consultant de l’UNESCO sur la stratégie nationale de développement statistiques (SNDE).
« Jacques a été un cadre qui a exercé son métier avec passion et un esprit d’abnégation. Souvent, il s’oubliait lui-même et sa famille pour se consacrer à son travail», raconte son épouse, Nadège Reid tout en soulignant : «Mon époux avait toujours nourri l’espoir qu’un jour Haïti renaîtrait de ses cendres. Cette renaissance devrait passer par l’éducation comme outil de changement qui reformaterait l’élément haïtien dans son savoir-faire et son savoir-être. »
En cette pénible circonstance, le Réseau haïtien de journalistes de la santé (RHJS) présente ses sympathies à son épouse, Nadège Reid, née Morantus, à ses enfants Jana-Shura & Jana-Moreen Reid.
Les funérailles de Jacques Georges Reid, seront chantées le samedi 26 juin 2021 en l’église Saint-Pierre de Pétion-Ville. Les salutations se feront à partir de 11 heures.
L’inhumation se fera au Parc du Souvenir. Que la terre soit légère à cet enfant de Dieu.
Claude Bernard Sérant