Covid-19, un besoin d’information validée pour rassurer la population

Raoul Lorfils

«Le problème de la propagation de l’infox est profond. Il repose sur une méfiance généralisée à l’égard des autorités, des institutions et des médias, qui sont tous mis dans le même panier. La propagation s’appuie aussi sur des biais psycholgiques, tel que le besoin d’être conforté dans ses certitudes», a déclaré le rédacteur en chef du journal en ligne Haïti Loop News, Raoul Junior Lorfils, à la séance de formation des journalistes, le dimanche 20 juin 2021, au local du collège Canapé-Vert. S’appuyant sur l’opinion du journaliste de France Info, Jérôme Colombain, il a poursuivi : « Les fakes news font appel à l’émotion au détriment de la réflexion. Ce mal menace potentiellement tout le monde, et pas seulement les moins éduqués. Seule une vigilance de tous les instants permet d’y faire face ».

Claude Bernard Sérant

D’entrée de jeu, dans son exposé intitulé «Combattre l’intox en temps de pandémie», le rédacteur en chef de Loop a capté l’attention des journalistes dans cette formation qu’il a coanimé avec le RHJS et l’UNESCO.

Qu’est-ce que l’intox? À cette interrogation, il répond : « L’intox est une action délibérée qui consiste à propager une information fausse, tendancieuse, mensongère ou non vérifiée en la faisant passer pour vrai. L’intox est divulgué dans l’inteniton de nuire, manipuler, faire le buzz ».

Le journaliste a repéré les types d’intox durant la pandémie. Il a cité : remède miracle, complot de l’industrie pharmaceutique, 5 G, le virus n’existe pas, complot du gouvernement pour s’enrichir, vaccin: complot pour détruire le peuple haïtien.  Autant de fake news qui ne vont pas dans le sens de l’intérêt général et qui laissent le public désorienté.

En ce qui a trait aux remèdes pour guérir la covid-19, il a rappelé l’histoire de cette jeune fille qui faisait croire qu’un cheveu trouvé dans une bible peut guérir.

De qui peut venir l’intox? La réponse fuse.  Il peut venir de plusieurs acteurs ou auteurs, le simple citoyen autant qu’un influenceur, le journaliste pigiste ou celui attaché à un media, voire les autorités.

Pour Lorfils, il faut combattre les intox dans un contexte pareil pour mettre en confiance le public. Aussi a-t-il recommandé aux journalistes de s’informer, auprès de sources fiables dans le contexte du coronavirus. Il a illustré : OMS, autorités sanitaires, experts et terrain. Dans cette perspective, il exhorte à garder le bon sens et l’esprit critique, à développer une culture de factchecking; d’être citoyen et prêcher par l’exemple,  techniques de collecte et de verification d’informations à partir du Web, comptes réseaux sociaux professionels; savoir quelles pages suivre; organiser des veilles en utilisant les hashtag; savoir fact-tchecker et connaitre des outils; savoir vérifier la source des informations y compris les site Web (Who is par exemple)

La santé, la sécurité du journaliste dans son travail

Dans son intervention axée sur la « Santé, la sécurité du journaliste dans son travail dans le contexte de la civid-19 », le secrétaire général adjoint du RHJS, Claude Bernard Sérant, a circonscrit son sujet autour des points suivants :  la responsabilité de l’employeur, celui du journaliste, les sources pour trouver les conseils, la priorisation des valeurs humaines, la déontologie de la presse et penser continuellement à l’après-Covid-19.

 « La responsabilité de l’employeur est aussi partagée que celle du journaliste en quête d’information. Le lieu de travail depuis l’entrée jusqu’à l’enceinte du bâtiment dans lequel le journaliste traite l’information doit être bien traité, aseptisé pour éviter la propagation du vírus », a fait savoir Claude Bernard Sérant.

 Le coronavírus est en train de reformater une autre manière de faire la cueillette de l’information, selon le journaliste senior. Beaucoup de travailleurs de la presse choisissent de récolter l’information à distance. Aussi le téléphone portable, l’Internet facilitent ces professionnels en mode de confinement.

 Quant aux journalistes de terrain, ils essaient de s’adapter à la situation en utilisant les gestes barrière, distance physique, masque etc.

 Claude Bernard Sérant a rejoint Raoul Junior Lorfils quand il dit :  «Le coronavirus plonge la population haïtienne dans une situation anxiogène. Pour la rassurer, le journaliste a pour devoir de divulguer une information de qualité, crédible, objective et validée scientifiquement. Cette information validée a le pouvoir de sabrer en brèche l’infodémie qui sape l’écosystème informationnel ».

Linformation, le nerf de la guerre en santé publique

La Covid-19 a débuté en janvier 2020. Le premier cas a été répertorié en Chine. Wuhan est devenue la ville emblématique de cette pandémie. Depuis, le virus s’est propagé à grande vitesse dans le monde. En Haïti l’état d’alerte d’urgence sanitaire est déclaré en mars 2020. Une grande confusion s’est créée au sein de la population haïtienne face aux informations massives, aux mauvaises rumeurs concernant la maladie.

 Fort de ce constat, Sérant invite ses confrères et consoeurs de la presse à vérifier la véracité et l’authenticité des faits avant de diffuser une quelconque information. «Le public a besoin de l’information du journaliste comme base pour former son opinion et pour prendre des décisions parfois vitales. Dans le cadre du coronavirus, c’est parfois une question de vie ou de mort », a-t-il souligné.

 Pour ce journaliste du quotidien Le Nouvelliste, « L’information est le nerf de la guerre en santé publique. Les informations incohérentes, celles qui portent à se perdre dans la confusion affaiblissent le système immunitaire des gens en ce temps de coronavirus », a-t-il expliqué à ses collègues.

Mettre le public en situation de confiance

 Le secrétaire général du RHJS, Dr Odilet Lespérance, dans son étoffe de médecin-journaliste, croit que « dans cette période de crise sanitaire, le journaliste doit jouer pleinement sa partition pour aider la population à comprendre ce qui se passe, à l’éclairer sur l’enjeu de la situation. Pour cela, il doit toujours chercher à la mettre en situation de confiance ».

Le médecin-journaliste a frappé l’attention quand il a mis en relief l’allégorie du système immunitaire pour parler de l’information. « Lorsque des fake news sont divulgués, ils agressent le système et cause son dysfonctionnement. Cela entraîne aussi une grande souffrance dans la société. Il faut associer les bandits comme des agents pathogènes qui dégradent le mécanisme immunitaire du pays. »

Pour bien renforcer ce système immunitaire dont la société est dotée, Dr Lespérance recommande ces prescrits : « Toute information doit être fondée sur la véracité des faits. Soyons responsables, soyons citoyens pour barrer la route au fake news et apportons de l’information d’intérêt général utile, efficace pour faire échec à cette pandémie qui devient un ennemi à abattre. »

 Marie Juliane DAVID

julianedave@icloud.com

Étudiante en deuxième année de Médecine à la Faculté de Médecine de l’Université d’État d’Haïti.

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