« Est-ce que vous savez combien d’usines pharmaceutiques nous avons en Haïti ? La bonne réponse est seulement trois », a lancé le directeur co-fondateur de Farmatrix, Ralph Edmond, à la cérémonie de célébration du 40e anniversaire de création du Fonds de développement industriel (FDI), le samedi 27 mars dernier, à l’hôtel Karibe. Et de poursuivre sur le même mode interrogateur : « Savez-vous combien existent-elles à Saint-Domingue ? Une centaine avec trente-deux (32) regroupés au sein de la puissante association INFADOMI et dont trois sont certifiés OMS et six ISO 9001. »
Un parterre composé du gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), des membres du Conseil d’administration de cette institution, du personnel du FDI, des clientes et clients, des cadres du secteur financier, la presse, les invités étaient réunis au Karibe. L’assemblée est attentive au discours du directeur de FARMATRIX, industrie haïtienne dotée de 157 employés qui déploie 48 produits pharmaceutiques, et une gamme d’articles commerciaux. Homme de terrain, il connaît la filière qu’il pratique et a un œil sur ce qui se passe sur le marché. « Les produits dominicains se retrouvent surtout chez nous dans le marché légal formel et informel, mais aussi dans le marché illégal via la contrebande. Notre compétition est en face de nous », fait-il remarquer.
Ralph Edmond et le pharmacien Alain Vincent, cofondateurs des Laboratoires Farmatrix, avaient mis sur pied cette compagnie en 1989 avec un capital de départ de deux mille dollars américains ($2 000), trois employés, et deux produits (Dolex et Ogynol). Devant l’assemblée, Edmond expose les raisons qui creusent cette disparité. L’une d’entre elles est ce qui mine notre économie nationale : le difficile, voire redoutable accès au financement industriel.
Pour les quarante ans du Fonds de développement industriel, il est venu saluer cette institution qui a tendu la main à deux jeunes entrepreneurs qui gravissaient sans se fatiguer les interminables marches de l’édifice de la Promobank à Lalue. Déterminés, l’œil brillant de confiance, Edmond et Alain avaient pour noble mission de présenter leur rêve sous forme de chiffres, de perspectives d’avenir.
La mission du FDI
Ce soir, sur l’estrade, derrière le pupitre où plusieurs représentants d’institutions ont pris la parole, Ralph Edmond se souvient : « L’un de nos premiers interlocuteurs au FDI a été M. Lhermite François. Et je me rappelle ce qu’il nous avait dit suite à notre première rencontre : la mission du FDI consiste à supporter des projets comme le vôtre afin de promouvoir l’industrie locale mais aussi d’amener une certaine diversité dans le secteur. »
Relater ce souvenir apporte un bol d’air frais au Karibe. L’énergie de la jeunesse de Ralph Edmond traverse son propos. Il exprime sa gratitude : « Grâce au support du Fonds, les portes du secteur financier se sont ouvertes. Nous avons pu consentir des emprunts importants, à la SOFIHDES en particulier, ce qui nous a permis de naviguer dans les moments difficiles de la production pharmaceutique haïtienne. En mars 2020 au déclenchement de la pandémie de Covid-19 en Haïti, M. Edouard Clément, actuel directeur du FDI, nous a contactés pour nous demander comment le Fonds pouvait nous accompagner dans la crise. »
On notera au passage, pour reprendre le directeur général de l’institution, « aujourd’hui, le FDI dispose d’un capital évalué à 2.7 milliards de gourdes et d’un personnel de plus de 50 employés… »
Malgré la volatilité de l’environnement, le mouvement houleux du marché, Farmatrix garde les yeux grands ouverts pour continuer « d’imaginer et d’inventer l’avenir ». Elle se lance dans de grands projets. En bon capitaine, Ralph Edmond précise : « Nous finalisons actuellement, avec l’assistance du FDI, une modernisation importante de notre production, et avons l’ambition d’introduire des produits commerciaux et pharmaceutiques que nous pourrons exporter sur les marchés régionaux. » Et la Farmatrix ne s’arrête pas là. « Nous sommes pleinement engagés dans un processus de qualité devant nous conduire à des certifications internationales, dont l’ISO 9001 et celle de l’Organisation mondiale de la santé.
Au moment où le FDI célèbre son 40e anniversaire de création, le patron de la Farmatrix saisit l’occasion pour souligner qu’il faudra davantage de produits financiers innovateurs et un projet industriel national pour qu’Haïti retienne ses meilleurs cerveaux.
Claude Bernard Sérant
Source : www.lenouvelliste.com
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