« Kite Jen Yo Pale » dans la lutte contre le coronavirus

À l’heure où le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) donne le ton sur le calendrier de reprise des activités scolaires et universitaires, l’émission « Kite Jen Yo Pale » de la Direction Santé Scolaire (DSS) présentée par Oscar Joseph, Hernane Lustin Pierre et le directeur du DSS, Dr Erold Joseph, met dans le feu de l’actualité la question du coronavirus.  L’émission place au cœur de la lutte contre la covid-19, des jeunes aux yeux tournés vers l’horizon, autrement dit, la date prévue par le MENFP en accord avec les autorités scientifiques pour boucler l’année académique 2019-2020.

 

Désormais sur le site web d’hébergement de vidéos youtube, cette émission, réalisée dans le cadre de la lutte contre la covid 19 par Radio télévision éducative du MENFP, est un appel à la réflexion constante surtout en ce moment. Quand on regarde le phénomène Carwash qui mobilise des milliers de fêtards dans les rues de Port-au-Prince et de la zone métropolitaine, on se demande : les organisateurs de ces événements socio-culturels arrivent-ils à prendre la mesure de leurs actes ? Ne savent-ils pas que ces grandes réjouissances qui rendent les rues noires de monde ont de graves conséquences sur la santé de la population ?

 

À l’heure où l’on parle de plus en plus de déconfinement, de reprises des activités scolaires et universitaires, un grand relâchement est constaté à travers le pays. Les jeunes se laissent aller. En ce sens, quand un jeune parle à un individu dans sa tranche d’âge, un discours, – dépouillé du vocabulaire émaillé d’expressions techniques des professionnels de la santé – cible une large tranche de notre démographie. En Haïti, 22,7 % de la population se situe entre 15 et 24 ans et plus de la moitié de la population a moins de 21 ans, selon le rapport sur le Développement humain en 2013.  D’après ce rapport, l’âge médian de la population haïtienne en 2010 est de 21,5 ans.

 

Pour porter le message de sensibilisation à la jeunesse, l’émission « Kite Jen Yo Pale » donne le micro aux jeunes. Dans l’enceinte de l’Institution Saint-Louis de Gonzague à Delmas où intervient le directeur du DSS, Dr Erold Joseph, à chaque fois qu’une lumière doit être apportée sur certains points abordés, huit jeunes participants prennent la parole (Midy Catherine, élève en classe terminale du lycée national de Pétion-Ville, Bernard Dino Charles, élève du NS4 au lycée Alexandre Pétion, Séïde Jean-Luc, élève du NS4 à l’Institution St-Louis de Gonzague, deux élèves du NS4 au Collège du Coeur Immaculé de Marie (CIM) : Haïcha Wèche et Saragnina Elias. Trois étudiants : Rose-Martine Joseph, diplômée en médecine dentaire, Fabiola Laurent, étudiante en diplomatie au Centre d’Etudes Diplomatiques et Internationales  CEDI, Antoine Sébastien, étudiant en médecine dentaire à la Faculté d’Odontologie de l’Université d’État d’Haïti (UEH).

 

Covid-19 : symptômes

 

Par la voix des jeunes, le publique se focalise sur les symptômes les plus fréquents de la ‎covid-19 : fièvre, toux sèche, ‎fatigue, perte de goût. Notons que dans le cas des personnes affectées d’autres problèmes ‎de santé (hypertension artérielle, ‎problèmes cardiaques ou pulmonaires, ‎diabète ou cancer) les risques encourus peuvent être très graves.  C’est la raison pour laquelle Jean-Luc Séide de l’Institution Saint-Louis Gonzague ainsi que le Dr Érold Joseph ont signalé que dans la phase de cette pandémie, il ne s’agit pas seulement de se protéger soi-même, il faut aussi penser aux autres. Aussi ont-ils fait référence aux patients présentant des facteurs de risque comme l’association de plusieurs pathologies.

 

« Carwash » : promotion de la distraction dans les rues

 

Pour lier le sujet à l’actualité qui a défrayé la chronique, cette semaine, on se demande encore, les organisateurs de « Carwash », ces promoteurs de distraction dans les rues, qui utilisent depuis quelques années la technique du lave-auto pour asperger d’eau le public survolté par la musique, ont-ils mesuré les risques encourus par les plus vulnérables ?

Il ne sera jamais trop de sensibiliser par tous les moyens la population. On apprend par la répétition. Si les messages de sensibilisation étaient bien installés dans les esprits, les jeunes massés dans l’ambiance du très populaire « Carwash » n’auraient pas eu un comportement aussi irresponsable. Signalons que cette maladie tue. D’après les derniers chiffres du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), en Haïti, nous avons enregistré, pour ce mois de juillet : 146 décès, 7063 cas confirmés. Dans cette lutte, chaque mort affichée dans les tableaux statistiques est une mort de trop.

 

Sensibilisation à l’émission

 

Les jeunes ont répété sur tous les tons les informations indispensables dans la lutte contre le coronavirus. Le Dr Joseph a renforcé leur parole. Le regard scotché sur son portable, le jeune internaute haïtien suit dans sa langue maternelle ce que disent les intervenants. « Laver vos mains souvent et soigneusement ; éviter de vous toucher les yeux, la bouche et le nez », recommande Fabiola Laurent, étudiante en diplomatie à CEDI. Elle insiste que les mains doivent se laver avec du savon et de l’eau courante, celle du robinet. « Ne passez pas toute une journée avec un cache-nez, il a une durée de vie et ne le toucher pas à tout bout de champ. Ne portez pas votre cache-nez comme un tour de cou », dit-elle.

Jean-Luc Séide, tout en insistant sur le port du masque, renforce le propos de Laurent quand il demande de garder une distance d’au moins 1 m 50 avec les autres personnes comme l’exigent les autorités sanitaires du pays. 

 

Le Dr Joseph a rappelé que ce virus se transmet principalement par transmission interhumaine. Lorsqu’une personne atteinte du coronavirus tousse ou parle, les postillons qu’elle projette peuvent pénétrer dans nos narines ou se déposer sur une surface quelconque (table, fauteuil, poignée de porte, ou n’importe quel objet). 

 

Cette production de Radio télévision éducative du MENFP financée par la Banque interaméricaine de développement (BID) à travers l’Unité de coordination de projet (UCP) au sein du MENFP ne date pas d’hier, elle a débuté en 2005, a rappelé Dr Joseph. Aussi a-t-il ajouté : « Il est important que les jeunes participent à la construction de leur santé. La santé va au-delà du médical. Elle repose aussi sur la participation de la population. Cette émission entre dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Le premier volet a rapport avec l’information, la formation afin que tout le monde arrive à changer leur comportement et éviter la stigmatisation, la discrimination et la violence. »

 

Fabiola Laurent, étudiante en diplomatie à CEDI, compte les jours depuis qu’elle a partagé des petits moments d’affection avec ses amis, une embrassade, une petite bise. Tous ces gestes affectifs lui manquent. Avec la covid-19, elle prend conscience que ses petits gestes simples colorent la vie. Aussi croit-elle que c’est le moment de lire, de réaliser des projets, de profiter du temps, d’apprendre une autre langue, de regarder des émissions instructives sur Internet pour se nourrir intellectuellement. Pour Fabiola, « l’essentiel est de savoir lorsque le coronavirus ne sera plus avec quelle mentalité les jours prochains nous retrouveront ?»

 

Claude Bernard Sérant

Source : Le Nouvelliste

Quitter la version mobile