“Toutes nos félicitations! votre talent vous a valu la première place de grand gagnant du concours Otis Library 2020 Bookmark Design! Votre design exceptionnel sera présenté sur les documents imprimés de la bibliothèque”. C’est ainsi qu’Otis Library aux États-Unis a salué Pierre Milot Accime. Cet ancien graphiste d’Imprimeur II SA, ancien étudiant en art plastique à l’École nationale des arts (ENARTS), qui a remporté, le 20 juillet 2020, le concours de cette librairie de Norwich dans le Connecticut.
Plus d’une centaine de graphistes ont concouru dans cette compétion lancée en mars dernier. Quatre oeuvres originales ont été retenues dans le carré final, celles de Frank Ernest Abreu Jr, de Pierre Milot Accime, d’Andrew Luis Acevedo et de Peyton Alyn Adams.
Une expression originale à travers un signet
Dans ce concours organisé en ce temps de coronavirus, la conception visuelle de Pierre Milot Accime s’est exprimée à travers un signet, petite bande en carton souple qui sert à marquer un endroit d’un livre. Sa création artistique a retenu l’attention du jury.
Les éléments graphiques, caractères typographiques, dessins, couleurs, écriture ont joué sur le plan esthétique pour créer ce climat qui installe le sujet d’Accime dans l’actualité.
Le dessin sur le signet d’Accime représente deux enfants abrités sous un parapluie, deux ouvrages distincts ouverts dans leurs petites mains comme une offrande. Ils sont assis sur un banc élevé sur un socle de livres. L’image est d’un réalisme onirique dans un paysage verdoyant menacé par un signe qui donne des sueurs froides : le coronavirus qui surplombe l’espace avec ses couronnes d’épines.
Ce tableau est sensible à tous ceux qui vivent cette pandémie en Haïti comme partout ailleurs dans le monde. Dans ce dessin traversé par un arc-en-ciel, l’artiste écrit avec une note d’espoir: «After the storm, it’s nice weather. » (Après la tempête, il fait beau.) Ce discours s’inscrit dans le même registre de l’émission Kite Jèn Yo Pale » de la Direction Santé Scolaire du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle. L’étudiante au Centre d’Etudes Diplomatiques et Internationales, Fabiola Laurent, qui prenait part à l’émission animée par Radio télévision éducative du MENFP, avait confié à ses pairs que les petits gestes affectifs comme les embrassades lui manquent beaucoup. Aussi avait-elle fait comprendre que le coronavirus ouvre pour la jeunesse une fenêtre d’opportunité pour lire, s’instruire et se nourrir intellectuellement.
Au moment où beaucoup d’écoliers se retranchent dans le confinement, pour éviter la covid-19, ce mal qui répand la terreur, Accime, dans sa posture de coordonnateur de l’Association vision humanitaire à Bizoton, dans la commune de Carrefour, a lancé, sur Facebook, une page qui permet aux écoliers d’écrire des textes, de partager visuellement à travers des dessins leurs expériences de confiné. C’est dans cet élan de générosité, a-t-il confié, qu’il a trouvé son inspiration pour élaborer ce signet, cet objet de communication qui promeut la culture du livre.
« Toute ma vie tourne autour du livre. Dans toutes les institutions où j’ai travaillé, Imprimeur II S.A, dans cet espace j’ai eu un stage d’étudiant ; par la suite, j’ai fait des expériences à l’Imprimerie Bois-Caïman, Presses nationales d’Haïti, Imprimerie Méthodiste, Édition des Antilles, avant d’ouvrir ma propre entreprise : Conceptpam Promo et Marketing qui offre des services en calligraphie, graphic design, formation, publication, promotion et séminaire de formation », déclare Accime qui voit le livre comme un outil permettant à tout un chacun d’accéder à la connaissance. Le livre, comme il le montre dans cette conception graphique qui lui a permis de remporter ce concours, se révèle un excellent moyen pour voyager tout en restant immobile.
Confinés chez eux, écoliers et étudiants, enfants et adultes pourront traverser la tempête, car, demain on célébrera la vie. À sa manière, le grand gagnant du concours Otis Library 2020 Bookmark Design l’a écrit sur le signet : «Après la tempête, il fait beau. »
Claude Bernard Sérant
Source : Le Nouvelliste.com