Résister ou mourir, deux alternatives possibles face au coronavirus en Haïti

Le peuple haïtien est en mode de confinement depuis une semaine. Huit cas de personnes infectées par le Covid 19. Une centaine de personnes, suspectées d’etre contaminées au Covid-19, ont été placées en quarantaine, dans plusieurs départements géographiques du pays, rapporte le Ministère de la Santé publique pour le moment. 

 

Depuis l’état d’alerte et l’onde de choc provoqué par la présence de ce virus mortel sur le sol national, Haïti vit à l’heure du coronavirus.

 

Rappelons que lors de ce point de presse dans l’après-midi du jeudi 19 mars 2020, le président Jovenel Moise avait exigé la fermeture des écoles, des factories, des églises et interdit tout rassemblement de plus de dix personnes.

 

Pourquoi ces mesures ? L’action de se confiner permettra d’éviter la propagation soulignent nos dirigeants. En effet, ces derniers ont emboîté le pas de leurs homologues de la communauté internationale décidés à livrer bataille au Covid-19.

 

Mais la population se pose beaucoup de questions. Un exemple : comment rester confiner chez soi dans un pays comme Haïti ou la majorité du peuple vit au quotidien ? Une telle interrogation alimente la panique, l’inquiétude chez toute personne exerçant surtout une activité quotidienne dans le secteur informel.

 

Plusieurs entreprises privées ont fermé leurs portes en raison de cette grande paralysie qui affecte nombre d’activités au centre-ville de Port-au-Prince. On peut citer les noms de quelques compagnies : HINOTO, les concessionnaires de la marque Toyota en Haïti, Sun auto, MSC Group,  l’imprimerie Henri Deschamps, Maison d’édition Toussaint, CK Hardware, Maison Handal, pour ne citer que ceux-là.

 

 

Une note  du MSC Group indique : « Nous faisons face à un obstacle très difficile et notre chère Haïti n’est pas prête pour une propagation de ce virus ».  

Une note de la Maison d’édition annonce à ses clients: «La Maison d’Edition Toussaint vous remercie encore une fois de votre incommensurable contribution, et profite de l’occasion pour vous informer qu’à partir d’aujourd’hui que ses bureaux seront fermés en raison de la pandémie de coronavirus (COVID-19). »

 

 Le gouvernement prend des mesures pour limiter la  diffusion du coronavirus dans le pays. Les salariés, entre-temps, sont aux abois.

Tout devient un luxe en Haïti. Le coût de la vie a augmenté. L’arrivée du coronavirus sur notre sol fait grimper le prix des produits des premières nécessités.  Le prix des médicaments suit la tendance. Certains ont augmenté de plus de cent pour cent du prix normal. C’est le cas des médicaments pour l’hypertension artérielle. Devant ce dilemme, si des mesures ne sont pas prises plutôt, cette pathologie fera autant de ravage que le coronavirus à travers le pays, estime, un journaliste du Réseau haïtien de journalistes en santé (RHJS).

 

Comment vivre une telle situation ? Comment appliquer le confinement à une population vulnérable, menacée par l’insécurité alimentaire ? Selon un rapport du Conseil national pour la sécurité alimentaire (CNSA), « L’insécurité alimentaire menace 2,6 millions de personnes en Haïti. »

 

Les petits commerçants entassés dans les marchés ou sur les trottoirs sont menacés par cette épée de Damoclès. Survivre pour eux est un acte au quotidien. Une quête pour nourrir leurs enfants.

 

Dans les transports en commun, autobus, taxis et tap tap les passagers sont coincés comme des sardines et parlent haut et fort oubliant que les postillons qu’ils lancent peuvent donner des sueurs froides.

 

Résister ou mourir sont-ils deux alternatives pour lutter contre ce virus mortel ? la question interpelle tout un chacun. Le RHJS multiplie des appels, signe des protocoles d’accord avec d’autres réseaux de journalistes, réalise des capsules audio et vidéo, prend part à des émissions de radio et de télédiffusion pour sensibiliser la population.

 

Désormais, un mot d’ordre se répand partout : « Lave men nou ! » Le savon, le chlore, les masques sont des boucliers de lutte. Malgré tout cet arsenal, nous avons tendance à oublier que beaucoup de personnes vivant dans des quartiers vulnérables n’ont pas facilement accès facile à l’eau. Pour contrecarrer la Covid 19, d’autres messages encore plus percutants : « Rete lakay nou ! ». Là encore nous oublions que les habitats dans lesquels vivent beaucoup d’Haïtiens posent de sérieux problèmes. Nos bidonvilles sont surpeuplés, les chambrettes où s’entassent plusieurs familles sont coincées. Une vraie bombe à retardement.

 

Croisons nos doigts pour que la vague du coronavirus ne submerge pas notre pays.

Thatessiana Thomas

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