Savez-vous que « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité? » Cette définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) nous fournit une matière à réflexion.
De nos jours, même les personnes à la fleur de l’âge en Haïti souffrent de maladies qui frappaient autrefois les adultes mûrs pour la grande traversée vers l’au-delà. Beaucoup de jeunes dans la vingtaine que vous abordez, au détour d’une conversation, vous apprennent qu’ils souffrent d’hypertension artérielle, de diabète ou de dépression.
Le taux élevé de stress provoqué par le quotidien de nos villes n’est plus supportable pour plus d’un. Il ne se passe pas un week-end sans concert d’armes de tous calibres. Les bandits ont cassé le monopole de la violence de l’État. Dans les nouvelles, on entend souvent que les bandits descendent souvent les policiers qui ont fait défection à leur bande ou pour toutes autres causes inavouées et inavouables.
Quand de telles informations circulent dans les médias et sur la voie publique, on sort pour accomplir des choses utiles : aller au travail, au marché, à l’école, à l’église, se rendre chez le médecin, bref, les activités des bandits nous rendent sédentaires. « Le stress, quand elle est persistante comme celle que nous vivons actuellement, dit le secrétaire général du Réseau haïtien de journalistes en santé, le Dr Odilet LESPERANCE, libère certaines hormones, tel le cortisone. Ce dernier est une réponse normale de l’organisme face à un stress. Cependant, quand la situation est récurrente, voire chronique, cette même hormone peut provoquer ou aggraver certaines maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle, la dépression, l’insomnie, certaines infections cutanées ou l’aménorrhée ». Le médecin, s’étendant sur l’hypertension artérielle, dresse un tableau sombre sur ce que la tension du pays peut provoquer sur nos artères. « Ce sang qui circule anormalement, à forte pression, dans nos artères, peut provoquer des troubles cardio-vasculaires, y compris les accidents cérébraux vasculaires (ACV), l’insuffisance rénale et même la perte de la vue ».
L’hypertension, ce tueur silencieux, pour le Dr Lespérance, est généralement mal connue. Il est souvent lié à plusieurs facteurs, comme l’abus de l’alcool, le tabagisme, la forte consommation de sel, la sédentarité. L’âge et le stress continu peuvent aggraver cette maladie qui est la première cause de mortalité en Haïti.
Les informations qui nous tombent dans l’estomac ne sont pas digérables. Elles sont coriaces et puent une société en déliquescence. « Si l’État est trop fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons », disait l’écrivain, poète et philosophe français Paul Valéry.
Et dans ce pays où le Parlement, l’exécutif et le judiciaire sont tétanisés par la crise, vers qui le citoyen doit-il se tourner ?
Bon nombre de citoyens se tournent vers d’autres horizons plus cléments. Ceux qui restent sur place ne vivent pas. Ils ont le sentiment que ce drame qui se déploie depuis le départ de Duvalier leur échappe ; chaque jour est marqué du sceau de l’imprévisibilité. Personne ne sait quand tel ou tel gang qui gangrène les quartiers va frapper. Est-ce la stratégie du chaos qui est mise en place pour déstabiliser les nouvelles forces qui montent sur la scène ? Des questions génératrices de stress animent les médias, enflamment les réseaux sociaux. L’Haïtien se sent de plus en plus incapable de changer quoi que ce soit. Toute parole qui se répand aux quatre coins de la République est celle du vent qui souffle dans le désert.
Nous sommes une menace pour nous-mêmes. Le banditisme autant que les autres pathologies qui ruinent la santé de la population est un problème de santé publique. La recrudescence des actes criminels des bandits fait trembler les bases d’une République qui ruine complètement notre bien-être physique, mental et social.
Source : www.lenouvelliste.com
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