« Près de 21 % des filles de 19 ans sont déjà mères ou enceintes.» Les départements du Centre, Sud, Artibonite Nord-Ouest et la Grand’Anse renferment le plus de jeunes entre 15 et 19 qui ont déjà mis au monde des enfants. « La sexualité et la fécondité des filles en Haïti demeurent précoce. Avant 15 ans, 13 filles sur 100 ont déjà eu des rapports sexuels », peut-on lire dans ce document. Mis à part les jeunes, les femmes qui n’ont aucun niveau d’instruction sont celles qui donnent naissance à plus d’enfants. En moyenne, elles ont 4,9, soit deux fois plus que celles ayant atteint le niveau secondaire (2,4 enfants) et quatre fois plus que celles ayant fait des études supérieures (1,2 enfant).
Pour le représentant du FNUAP en Haïti, Yves Sassenrath, il faut miser sur la liberté de la population en matière de procréation et la planification familiale qui est aussi essentielle à l’autonomisation des femmes, à la réduction de la pauvreté et au développement durable. « Dans les années 70, il y avait une vison malthusienne de la population qui voyait le taux de croissance ou de fécondité comme un tsunami qui viendrait nous détruire. La croissance a été perçue comme quelque chose qu’il faut contrôler à tout prix. Cela a conduit à des décisions plutôt radicales comme la stérilisation », a-t-il expliqué dans une interview exclusive accordée à Le Nouvelliste.
Dans le rapport intitulé « Le pouvoir du choix : les droits reproductifs et la transition démographique », publié par le FNUAP en 2018, il est fait mention que, parmi les indicateurs démographiques, le taux de fécondité global d’Haïti est de 2,8 enfants par femme pour l’année 2018. Pour l’EMMUS VI (2016-2017), l’indice synthétique de fécondité est de 3 enfants par femme. Dans son analyse de la question, Yves Sassenrath a précisé que le taux de fécondité en Haïti est notamment lié à la pauvreté. « Les pays les plus pauvres ont un taux de fécondité plus élevé parce qu’il y a une absence de l’État de droit, de vision stratégique et de grands investissements dans les secteurs clés de la société », a-t-il ajouté.
L’approche qui est priorisé par le FNUAP est celle qui est basée sur le droit des femmes comme personne humaine. Elle consiste d’abord en la formation des femmes, puis en leur donnant accès à des moyens modernes pour pouvoir planifier leur vie sexuelle et reproductive. Selon lui, la « planification familiale doit toujours être considérée comme un droit de l’homme et non un moyen de coercition ». Ainsi, lors de la Conférence internationale des Nations unies sur les droits de l’homme qui s’est tenue à Téhéran le 13 mai 1968, la communauté internationale a déclaré que « les parents ont le droit fondamental de déterminer librement et consciemment la dimension de leur famille et l’échelonnement des naissances ».
Pour cela, la solution réside dans l’accès universel aux services de soins de santé sexuelle et reproductive et aux droits en matière de reproduction. L’agence des Nations unies pour la santé sexuelle et reproductive (FNUAP) avance que l’une des premières mesures à prendre en vue de réaliser les droits reproductifs et de permettre à chacun d’avoir le nombre d’enfants souhaité consiste à étendre les services de santé reproductive à ceux qui sont le plus souvent laissés pour compte.