Le représentant le Fonds des Nations unies pour la population en Haïti (FNUAP) a rendu, le mercredi 8 mai 2019, une visite de courtoisie au Nouvelliste. À l’occasion de la célébration des 50 ans de création de cette institution, les responsables voulaient présenter au pays les défis auxquels elle fait face en Haiti. Entre 2009 et 2017, le taux de mortalité maternelle est de 529 décès pour 100 000 naissances vivantes.
Le FNUAP à travers son nouveau représentant, Yves Sassenrath, veut s’attaquer à un fléau : la mortalité maternelle. Trop longtemps passé sous silence, on ne se rend même pas compte de la gravité du phénomène. Selon l’Enquête mortalité, morbidité et utilisation des services (EMMUS-VI), parue en 2018, pour mille naissances vivantes, plus de cinq femmes meurent durant la grossesse, pendant l’accouchement ou dans les 42 jours qui ont suivi l’accouchement. Des chiffres alarmants qui devraient pousser les autorités et la société à agir pour freiner cette descente aux enfers.
« C’est quelque chose qui doit choquer et nous pousser à agir », a affirmé Yves Sassenrath qui paraissait déterminé à passer à l’action. Dans une longue discussions avec le directeur du Nouvelliste, Max Chauvet, il fait montre d’une grande compréhension des réalités du pays et précise les perspectives du FNUAP pour s’attaquer aux problèmes de grossesses non désirées et de mortalité maternelle. « Le taux de fécondité en Haïti est lié à la pauvreté de la population, l’absence de vison stratégique pour garantir les droits et les choix pour tous, le chômage, la promiscuité. Il y a aussi un vide d’espoir. La vie est éphémère et les gens n’ont que leur corps comme instrument de plaisir », a-t-il expliqué.
Même si le Fonds des Nations unies pour la population ne peut pas se substituer à l’État qui a la responsabilité de contrôler la croissance démographique et d’oeuvrer au développement, il a des interventions en perspective. D’abord sensibiliser en mettant à la disposition des décideurs des données cruciales et fiables tirées des recensements sur la population. Ensuite, en éduquant les femmes au point qu’elles soient capables de planifier leur vie sexuelle et reproductive. « Nous voulons offrir une plateforme pour que les autres agences des Nations unies qui interviennent dans le domaine santé maternelle et reproductive puissent mettre en œuvre une stratégie de fécondité et de contrôle de naissance », a ajouté Yves Sassenrath.
Par ailleurs, le FNUAP se prépare à célébrer le 25e anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), qui a eu lieu au Caire (Égypte) eu 1994. Pour M. Sasenrath, la CIPD est au cœur du mandat du FNUAP. Elle concerne aussi toutes les agences sœurs des Nations unies et tous les pays, dans la mesure où les pays membres ne peuvent pas atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030, sans la réalisation des objectifs de la CIPD. L’agenda du Caire vise entre autres à : rendre accessible de manière universelle toute une gamme de méthodes fiables et sans danger de planification familiale et de services connexes de santé de la reproduction et réduire les taux de mortalité infantile à moins de 35 pour 1000 naissances vivantes.
Source : Le Nouvelliste
Auteur: Ricardo Lambert