Pas d’unanimité de la PrEP au sein des groupes à risque

Si la PrEP, ce médicament préventif contre le VIH/SIDA,  continue de montrer à 100% son efficacité dans bien d’autres pays à travers le monde. En Haïti, elle est pourtant à sa phase d’essai. Les premières doses ont été administrées, il y a  moins d’un  mois, à des patients au niveau du Centre de Promoteurs objectif zéro Sida (CPOZ). Depuis, c’est l’affluence des demandeurs de ce petit comprimé miracle. Ils sont en majorité, travailleurs (euses) de sexe et hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes à solliciter ce médicament.   
La disponibilité de cette pilule  dans des centres de santé en Haïti est, pour Charlot Jeudi, président de KOURAJ, une association qui lutte pour le respect des Droits et l’intégration des LGBTI, Lesbienne – Gay –Bisexuel – transgenre – intersexe,  un pas géant dans l’effort visant à diminuer de façon considérable la transmission du vih/sida, d’ici à 2030. « Je suis ravi de savoir qu’il existe enfin un moyen de prévention efficace qui permet de ne pas se faire infecter par le virus du sida», s’est réjoui le jeune homme qui, depuis un certain temps, n’a plus caché son homosexualité. « Il m’est arrivé souvent, après des soirées festives, d’avoir des rapports sexuels avec des hommes sans utiliser de préservatifs», a-t-il avoué, tout en soulignant qu’avec la PrEP, il lui sera quasiment difficile d’attraper le VIH. Avec  la PrEP, les gays vont être définitivement libérés de la contrainte de l’usage du préservatif. Le défenseur des droits des LGBTI reconnait toutefois que son utilisation va, sans l’ombre d’un doute, occasionner la recrudescence des autres infections sexuellement transmissibles (IST) – gonorrhée – chlamydia – syphilis. Aussi, a-t-il encouragé, l’utilisation de la PrEP, avant chaque rapport sexuel, pour se protéger du vih/sida, et d’un traitement antibiotique contre les IST, après le rapport.  
Alicia*, 19 ans, sort depuis plus d’un an avec un homme nettement plus âgé qu’elle, pour des raisons strictement financières. Cette jeune fille n’a pas caché son enthousiasme après avoir été mis au courant de cette nouvelle méthode de prévention du virus du sida dont le Ministère de la santé publique et de la population est en train d’expérimenter. « Avec la PrEP, je serai en mesure de faire l’amour avec mon partenaire sans contrainte. Dorénavant,  je ne vais plus m’inquiéter des conséquences de ce virus », a-t-elle fièrement soutenu.
Pour sa part, Johanna*, une travailleuse du sexe (TS) se dit prête à essayer la PrEP. « J’aimerais bien expérimenter cette nouvelle pratique. Car, sans préservatifs, je serais mieux payée. », scande cette jeune femme qui frôle déjà la trentaine, l’air enjoué. « Mes clients deviendraient plus nombreux, car les feelings se passeront mieux au lit », sourit Johanna*. « Je vois la Prep comme un bouclier, j’ai hâte de l’appliquer». La jeune travailleuse sexuelle dit vouloir toutefois être bien assurée de ne se faire pas infecter.

Alicia* tout comme Johanna*, se disent prêtes à faire l’expérience de la PrEP.  Elles sont toutes deux conscientes du danger qui plane sur leur vie, en ayant des comportements sexuels peu responsables. Leur seul souci est de savoir, pour l’instant,  où est-ce que ce médicament est-il disponible et comment l’administrer?

Tel n’est pourtant pas l’avis de Paul Marie*, une autre TS, rencontrée sur les trottoirs de Pétion-ville, dans les hauteurs de Port-au-Prince, la capitale haïtienne. « Moi, je ne veux plus entendre parler de cette méthode qu’est la PrEP. En tout cas, je ne suis pas encore prête à l’utiliser », a déclaré cette demoiselle apparemment plus jeune que Johanna*. « Tu peux me croire sur parole. Je gagne ma vie sur le trottoir, mais, je ne suis pas une prophétesse de malheur. Je te parie chère madame, la PrEP va faire exploser les autres infections sexuellement transmissibles dans le pays. Ne me demande pas pourquoi. Car, tout ce que je sais, c’est qu’avec cette méthode, les gens ne vont plus se protéger et ce serait dommage. Moi, je ne vais pas l’utiliser », a-t-elle froidement conclu.
Pour que la PrEP ait un impact positif sur la prévention d’une nouvelle infection au VIH, elle doit être accessible aux personnes à risque élevé de contracter le virus, a rappelé Charlot Jeudy. « Je félicite le MSPP d’avoir, dans un premier temps, priorisé les TS et les HSH. »
Il est à noter que la Prophylaxie Pré exposition (PrEP) est un moyen par lequel une personne séronégative qui court le danger de contracter le VIH peut réduire son risque d’infection en prenant des médicaments antirétroviraux. Ce médicament préventif est administré sous forme de comprimé, une pilule bleue destinée aux personnes n’ayant pas le VIH. Il est considéré comme une deuxième barrière de prévention après le préservatif. . L’association PrEP et le préservatif ecarte tout risque de VIH ainsi que les autres infections sexuellement transmissibles. 

 

Grecia Alexandre

Journaliste RHJS

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