L’ex-commissaire du gouvernement près du tribunal civil de la Croix-des-Bouquet Me Williams Aristide et sa compagne, une policière au grade d’agent 3, sont entrés en altercation dans l’enceinte de l’hôpital universitaire La Paix, à Delmas 33, dans la nuit du 9 au 10 mars 2019.
Selon le syndicaliste Estimé Patrick, agent de ce centre hospitalier, le commissaire a giflé sa femme, pour des raisons non encore élucidées, au vu et au su de tout le monde. Celle-ci se sentant menacée a tiré des coups de feu. Deux agents de l’hôpital ont été atteints de projectiles.
Quelques heures plus tard, le mari de la policière est revenu pour réclamer le projectile qui aurait pu servir de matière à conviction. Il a fait tout un tollé à l’intérieur du centre hospitalier, sommant ainsi un chirurgien de lui remettre les projectiles.
« Au cours de cette soirée de haute tension, les malades paniqués ont dû vider les lieux », a déploré le syndicaliste.
A trois reprises, en moins d’un an, le personnel de ce centre hospitalo-universitaire a subi de pareils actes d’agression. Pour mettre un frein à une telle pagaille, le personnel de cette structure publique de santé est entré en grève. Ce samedi prolonge leur sixième journée de protestation contre l’agression physique dont le Dr Chrislor Lestin a été victime dans l’exercice de ses fonctions.
POSITION DU MINISTÈRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE
Dans un communiqué daté du 15 mars, le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) a souligné que c’est toute la communauté médicale qui est touchée par cette situation. Aussi le MSPP a-t-il pris « acte des différentes positions qui se sont exprimées un peu partout à travers le pays et surtout dans le secteur médical, pour dénoncer les agressions perpétrées dans l’enceinte de l’HUP, dans la nuit du 9 au 10 mars, contre un médecin dans l’exercice de ses fonctions»
La ministre de la Santé, le Dr Marie Gretha Roy, a annoncé qu’au lendemain de l’incident, une correspondance retraçant le fil des évènements a été adressé au Ministère de la Justice et de la Sécurité publique aux fins utiles de droit, « Conséquemment, le commissaire William Aristide a été mis en disponibilité et le dossier a été transmis aux autorités judiciaires et compétentes ».
Pendant que ce dossier fait son cours, un autre centre d’intérêt est pris en compte : la prise en charge médicale et psychologique du Dr Chrislor Lestin.
Pour le secrétaire général du Réseau, le Dr Odilet Lespérance, il s’agit d’un acte de trop qui ne doit pas rester impuni. Il devient courant pour les autorités de malmener les professionnels de la santé. Toute la coopération médicale doit supporter les victimes pour que la justice triomphe une fois pour toute.
De plus, en cas de traumatisme, il y a le coup et l’effet du coup. Toutes les personnes traumatisées au sein de cet hôpital devraient être prises en charge psychologiquement. »
Pour sa part, le journaliste senior, Louiny Fontal, spécialisé dans le traitement et la diffusion des informations de santé, s’insurge contre ces offensives perpétrées qui ne visent qu’à intimider des professionnels de santé dans l’exercice de leur fonction. Aussi a-t-il encouragé les autorités à tout mettre en œuvre dans le but de protéger la vie et le travail de cette poignée de spécialistes de santé qui nous restent encore dans ce pays.
Au cours de ces dernières années, a rappelé Louiny Fontal, plusieurs centres hospitaliers publics ont été le théâtre des actes de violence, de banditisme, où des membres du personnel soignant ont été physiquement agressés par des hommes armés. En dépit des appels au secours lancés par ces derniers, les autorités concernées n’ont jusque-là rien fait pour stopper ces dérives qui aggravent davantage la situation des patients en quête de soin.
En tout cas, les grévistes n’en démordent pas. La justice, pour une fois doit triompher. Les coupables doivent séjourner là où la loi l’indique. Et de plus, ne faudrait-il pas penser à ces centres hospitaliers sous-sécurisés où l’on entre comme dans un Moulin?