Le Réseau haïtien de journalistes en santé (RHJS) assiste à un pourrissement accéléré du pays. Le peuple s’est redressé la tête pour reprocher à l’État à travers ses pouvoirs constitués, les abus de toutes sortes, les scandales de corruption et l’état lamentable dans lequel est plongé Haïti, trente-trois ans après le 7 février 1986. Jamais le RHJS n’aurait imaginé que cette société tomberait dans ce gouffre. Tous les pouvoirs dont l’État dispose sont devenus des fantômes emblématiques entre les mains des irresponsables.
Le pays dérive à la merci des hordes de bandits, de casseurs infiltrés parmi les manifestants qui demandent justice, redistribution de la richesse, démission du président Jovenel Moïse et renvoi de ce Parlement à la solde de l’Exécutif.
L’aveuglement des hommes du pouvoir, accrochés à défendre leurs intérêts, l’inconscience de leur clan, la rapacité des détenteurs de moyens de production, portent l’opposition à reprendre la voie des manifestations de rue. Dans ce pays devenu fou, RHJS appelle toutes les voix à la raison.
Il existe des iniquités trop criantes entre les couches de la population pour que les rues et les cœurs soient en paix.
Cette politique inique travaille dangereusement à diminuer l’espérance de vie humaine en Haïti. Après la crise, lorsqu’on dressera une statistique, on sera étonné de dénombrer le nombre de personnes souffrant de tension artérielle, de maladies cardiovasculaires, de diabète, de stress, de problèmes respiratoires, de traumatisme, etc.
A chaque manifestation, pour un oui ou un non, les pneus sont brûlés sur la voie publique. Ces gros nuages noirs toxiques sont absorbés par nos poumons. La police, elle, réplique en tirant des gaz fumigènes qui empoisonnent l’air. Dans cette atmosphère, femmes enceintes, nourrissons, enfants, personnes âgées, patients en situation pathologique liée à un dysfonctionnement immunitaire succombent bien souvent dans cette guerre urbaine non déclarée.
RHS est une association de journalistes spécialisés dans le traitement et la diffusion d’information sur la santé. Dans son rapport avec l’actualité, il pratique un regard direct sur la réalité. Ce qui le rend proche de l’humain. Aussi le Réseau demande-t-il aux acteurs qui paralysent le pays à se remettre en question. La république n’est pas sur la bonne voie. Trop de négativité de part et d’autres font germer, dans l’ère du temps, des concepts comme « peyi a lock », expression qui ne présage pas une ouverture d’esprit pour une résolution de la crise.
Un dépassement est important pour reconnaitre que notre indifférence envers cette population qui vit dans le dénuement est anormale. Les acteurs lancés dans l’arène et ceux qui tirent des ficelles ont pour devoir de revoir leurs plans dans l’intérêt de la collectivité. Cet effort de dépassement soulagerait ceux qui n’ont rien et nous porterait à travailler pour le bien-être de tous.
La direction que prend le pays est un naufrage pour la santé publique. Les hôpitaux qui, en temps normal, fonctionnent avec de grandes difficultés, face à cette situation chaotique, perdent leurs repères. Beaucoup de médecins se terrent chez eux, les infirmières, le personnel de soutien ne se montrent pas à leurs postes.
En ce mois de février de tous les dangers, le RHJS se demande : n’est-ce pas un luxe de tomber malade ? « Tous nos hôpitaux commencent à faire face à des défis majeurs; pénurie d’électricité, pénurie de carburants, pénurie d’oxygène, appauvrissement des stocks de médicaments et arrêt des moyens de transport et des moyens de communication », a fait savoir dans une note de presse, le président de l’Association des hôpitaux privés d’Haïti (AHPH), le Docteur Franck Généus, tout en soulignant par ailleurs que la situation socio-politique dans laquelle se débat le pays met directement en jeu notre capacité à sauver des vies.
Nos emportements, notre aveuglément du pouvoir en vue de nous enrichir à grande vitesse, nous entraine à mener une politique suicidaire. Aujourd’hui, force est de constater que la politique haïtienne commence à saper de plus en plus l’être haïtien depuis au stade embryonnaire. Des études ont montré que l’anxiété, le stress ont une influence direct sur le système nerveux du fœtus. Ces pathologies peuvent nuire au développement cognitif, comportemental ou affectif de ce dernier après la naissance.
Messieurs et mesdames les protagonistes de la crise, une population n’est pas un jeu. De grâce, ne soufflez pas sur les braises des insatisfactions de ce peuple bafoué dans tous ses droits fondamentaux de la personne. Changeons de refrain. On connait la musique. La politique, ce jeu d’intérêt, pourrait se faire autrement. Haïti a besoin d’action, de stabilité, de bonne stratégie pour son développement, de résultats. Un pays ne peut pas continuer à fonctionner ainsi.
Nous sommes dans une crise humanitaire, sociale et politique qui demande une solution de toute urgence. La crise a trop duré. Cette tension, ce stress, cette angoisse, cette peur, cet inconfort manche longue depuis le 7 février, cette sensation de malaise dans notre corps et notre esprit constitue un problème de santé publique.
Réseau haïtien de journalistes en santé (RHJS)