Trois médecins et la présidente de l’Association des femmes haïtiennes infectées et affectées par le vih (AFHIAVIH) ont partagé, au Vendredi du RHJS, l’espace de débat au local du Réseau haïtien de journalistes en santé (RHJS), en prélude à la Journée mondiale du sida.
« M ap fè tès SIDA, m ap jere lavi m ! ce thème lancé à l’occasion de la Journée mondiale du sida est à l’ordre du jour pour nous rappeler que le sida est là, que le sida est bien réel parmi nous. Ce n’est pas seulement à la veille du 1er décembre qu’on doit se souvenir du vih/sida en Haïti », a lancé haut et fort Malia Jean, présidente de l’Association des femmes haïtiennes infectées et affectées par le vih (AFHIAVIH). Malia donne le ton en encourageant les personnes sexuellement actives, particulièrement les jeunes, à connaître leur statut sérologique. « Sachez que le sida existe. Sachez que des enfants sont nés avec ce virus. Nous, en tant que PVVIH, nous ne voulons pas que d’autres personnes soient infectées parce que, de nos jours, on ne fait rien pour les séropositifs. On leur offre seulement des comprimés. On ne nous prend pas en charge, et on n’a pas de travail », déplore-t-elle.
Malia souhaite que la courbe du sida soit infléchie grâce aux objectifs fixés pour en finir avec l’épidémie en 2030.
Quels sont ces objectifs ?
Le représentant du ministère de la Santé publique, Dr Samedi Allande, précise que les objectifs 95-95-95, selon l’Onusida, prennent en compte ces paramètres : connaissance de son statut sérologique, mise sous traitement des personnes infectées et VIH/SIDA rendu indétectable grâce aux soins continus. Toutefois, il précise que le virus rebondit à la moindre négligence.
Évoluant au sein de l’unité de prise en charge du Programme national de lutte contre le sida (PNLS/MSPP), le Dr Allande a précisé quelques chiffres sur le sida : « 150 000 personnes sont infectées par le vih/sida en Haïti. 103 000 sont sous traitement. Plusieurs abandons ont été enregistrés. Pour l’espace Caraïbes, Haïti représente 48,4% de la population vivant avec le sida. 310 000 personnes vivent avec le sida dans la Caraïbe. »
SIDA, là où le bât blesse
Citant l’Enquête mortalité, morbidité et utilisation des services (EMMUS-VI 2016-2017), le Dr Allande a fait savoir que si le taux de prévalence a chuté à 2% dans la population, chez les hommes ayant rapport avec les hommes, cependant, le taux flambe à 13% de la population. 8% pour les travailleurs sexuels. Mais, questionne une journaliste, pourquoi le risque est-il aussi élevé dans ces catégories de la population ? « Les hommes ayant rapport avec des hommes sont des bisexuels, selon un dernier rapport, ils ont 9 nouveaux partenaires en moyenne dans une année. 5 sont des femmes. Quatre sont des hommes », révèle le médecin.
Pour le directeur de la Santé scolaire du ministère de l’Éducation nationale, Dr Érold Joseph, «la pauvreté est à la base de la propagation du vih/sida en Haïti». D’après le médecin, les problèmes de fond doivent être posés pour attaquer cette épidémie.
Le secrétaire général du RHJS, Dr Lespérance Odilet, estime qu’Haïti a réalisé beaucoup d’efforts en matière de vih/sida. « Si le taux de séroprévalence tourne autour de 2%, c’est le fruit de travail de différentes institutions impliquées dans cette lutte. Toutefois, ce résultat n’est pas satisfaisant puisque, dans la Caraïbe, Haïti a le plus grand taux d’infection. » Aussi a-t-il plaidé pour un programme aguerri de communication sur le sida. Il a profité de cette tribune pour relancer le plaidoyer sur le fond d’urgence pour la lutte contre le vih/sida. « Il n’est pas normal que l’État haïtien laisse nos PVVIH à la merci de l’aide internationale. »
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