19 octobre 2018 – 19 octobre 2010. Huit ans depuis que le sol d’Haïti est souillé par le choléra. À la conférence de presse conjointe du Réseau haïtien de journalistes en santé (RHJS) et la Coalition de la jeunesse haïtienne pour l’intégration (COJHIT), le vendredi 19 octobre 2018, au local du Réseau, à la rue Camille Léon, le secrétaire général du RHJS, le Dr Odilet Lespérance, a déclaré qu’entre 2010 et 2018 environ dix mille personnes sont mortes du choléra et 800 000 en sont victimes après avoir été contaminés par le vibrio cholerae, microbe responsable de l’épidémie du choléra en Haïti.
Le Dr Odilet a rappelé que le professeur Renaud Piarroux a été le premier à dénoncer la responsabilité des Nations unies dans l’introduction de cette maladie. « Ce sont des soldats népalais contaminés par le virus qui auraient involontairement via leurs eaux usées souillé l’affluent de l’Artibonite. » Les dénonciations ont fusé de toutes parts. Elles seront relayées par des activistes nationaux et internationaux.
Toutes conditions étaient réunies pour favoriser la propagation de cette épidémie qui a mis à nu l’état sanitaire du pays. «En quelques semaines seulement, la maladie s’est répandue sur toute l’étendue du territoire national », a-t-il déclaré tout en relativisant que dans un milieu où l’environnement, l’urbanisation, les déterminants économiques, l’éducation de la population auraient atteint un niveau élevé, le vibrio choleare n’aurait pas eu le champ libre.
Alors que les accusations pleuvaient de part et d’autres au sein de la société civile, attaquant l’ONU de front, celle-ci restait muette. Il a fallu que beaucoup d’eau coule sous les ponts pour que l’ONU lève le voile sur ce grand malaise. « Ce n’est qu’à l’été 2016, soit six ans plus tard, pour que les Nations unies, par le biais de son secrétaire général d’alors, Ban Ki Moon, reconnaisse enfin leur responsabilité dans l’introduction de cette épidémie », rappelle le médecin.
Il estime que l’institution onusienne ne délie pas suffisamment les cordons de la bourse pour qu’Haïti réponde à cette épidémie qui continue à semer le deuil dans les familles. Il pointe aussi du doigt l’État haïtien embourbé dans des crises sans fin qui n’arrive pas à donner une réponse adéquate à ce problème de santé publique.
Médecin de son état, il recommande à tout un chacun de se laver les mains avant de manger et après s’être soulagé et surtout de purifier l’eau que l’on consomme. Par ailleurs, il préconise des mesures d’hygiène pour venir à bout de cette épidémie : construction de latrines, traitement des eaux usées, assainissement sur toute la ligne.
Plus loin, il a salué le travail des partenaires du réseau, en l’occurrence l’Unicef, le projet Shops plus financé par l’USAID, pour leur appui au RHJS dans sa mission de traitement et de diffusion des informations équitables sur la santé de la population.
Faisant écho du dernier rapport du Réseau national de surveillance choléra, concernant la 41e semaine épidémiologique 2018 publié par le ministère de la Santé publique, le Dr Lespérance a noté que « du 1er janvier au 13 octobre de cette année la propagation du choléra a chuté considérablement, accusant un taux d’incidence de 0,26 sur 1 000, avec 38 décès pour 3 350 cas suspects».
« En dépit de tous le efforts déployés, le RHJS constate que le choléra reste et demeure un problème de santé publique majeure. Les dernières flambées enregistrées à Cornillon, commune du département de l’Ouest, à Saint-Marc et Ennery, dans le département de l’Artibonite en sont des exemples typiques », se désole-t-il.