Le journaliste est un chasseur de nouvelles. Toujours à l’affût du quoi de neuf ? Ce qui est habituel, permanent rentre dans la normalité. Le choléra ne fait plus les grands titres dans la presse et pourtant il tue. Comment susciter un nouvel intérêt pour cette épidémie dans le bastion même où le vibrio cholerae a été identifié quelques mois après le tremblement de terre de 2010 ? Question pertinente que les formateurs du Réseau haïtien de journalistes en santé (RHJS) a lancé à une vingtaine de travailleurs de la presse réunis, le dimanche 29 mars, au centre-ville de Mirebalais pour prendre part à une séance de formation sur l’eau, l’hygiène, l’assainissement et le journalisme. Dans la course au scoop, dans la chasse de l’information qui suscite l’intérêt général, les sujets priorisés par les médias du bas et du haut Plateau central tournent autour de la politique, confient les journalistes. Accrochés aux nouvelles qui font l’actualité à Port-au-Prince, relayant aussi les stations de radio de la capitale, ils ont surtout tendance à passer au second plan la réalité locale dès que le facteur politique n’est pas en relief. Une certaine habitude Déclencher un nouvel intérêt, à la séance de formation supportée par le ministère de la Santé publique et l’UNICEF, signifiait casser une certaine habitude dans le milieu et convier les journalistes à cultiver un caractère affectif avec la communauté où se dresse l’antenne de la radio. Capter une station de radio a un sens pour le Mirebalaisien ou le citoyen de Hinche ou de Lascahobas, il signifie que le médium est intéressé à sa vie quotidienne, aux préoccupations de la commune. Et comme toute personne aime se voir, le médium qui transcrit l’actualité a une fonction miroir qui facilite l’identification et l’intégration de l’individu dans son milieu. A côté de sa fonction critique, une station de radio, basée dans un milieu déterminé, a pour devoir de jouer sa fonction de service, autrement dit, fournir des informations utiles à la communauté tels les sujets aussi importants que la santé. Directeurs de médias et journalistes ont avoué sans détour qu’un manque crucial de connaissance dans ce domaine spécifique et une carence de formation de ces derniers sont à la base du vide sur le terrain de la santé. Prenant au mot les participants, le secrétaire général du RHJS, le Dr Odilet Lespérance, a promis au vingt-cinq journalistes présents de distribuer « Savoir pour sauver », le livre de l’UNICEF qui lui a servi de base pour la séance de formation. Dans cet ouvrage, les règles d’or – qui rassemblent des informations et une panoplie de conseils pour sauver des vies – sont une source d’inspiration pour alimenter les sujets à traiter aux heures d’antenne. Les confrères du département du Centre affirment qu’ils sont animés par ce passionnant métier qui transpire la vie. Mais dans le champ journalistique, ils butent sur un manque de formation pour embrasser ces variétés de genre du journalisme qui rendent les nouvelles attractives. Au terme de la séance, leurs discours portent sur de bonnes raisons d’informer le public sur des problèmes touchant si près la population. Ils admettent avec le Dr Lespérance, citant la définition de l’Organisation mondiale de la santé, que «la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Intelligemment, ils s’engagent à mettre sur pied un réseau de journalistes en santé du Centre pour que les séries de formation lancées par le RHJS se poursuivent. La question du choléra a rebondi dans les groupes réunis en atelier de travail. Cette sensibilisation inspirée par la loi de la proximité a suscité un vif intérêt auprès des journalistes. Réceptif au sujet, chacun avait une anecdote à raconter. Au cours de la formation, les groupes attablés ont choisi des angles adaptés pour être plus pertinents au sujet demeuré trop en retrait dans l’actualité.
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